Le lynx

Trop gros pour être vraiment jugé inoffensif, le Lynx inspire un sentiment d’admiration mêlé de crainte. Cette mauvaise réputation lui a jadis fait du tort et continue de lui en faire. En France, on lui a fait une chasse si soutenue qu’il avait complètement disparu du territoire à la fin du XIXe siècle.

Le Lynx est appelé dans les textes anciens Loup-cervier, c'est-à-dire « Loup attaquant les cerfs ». Des textes aussi tardifs que celui de C. Gérard, en 1871, en font une description pour le moins inquiétante :

C'est une espèce de chat géant, dont le corps fortement charpenté est surmonté d'une tête terrifiante d'énergie et de férocité. Ses yeux largement ouverts brillent d'un feu sinistre et fascinateur. [...] Il a des griffes tranchantes comme l'acier et une denture qui appelle des victimes. Tout son être respire la chasse, la guerre, la soif du sang et la passion du carnage.

La situation de l’espèce reste précaire

Sa disparition de nombreuses zones qu'il fréquentait historiquement est liée à la volonté d'éradication qui l'a frappé, à l'égal du Loup et de l'Ours. La raréfaction de ses proies et des milieux forestiers qu'il fréquente ont également contribué à le cantonner, en Europe, aux régions montagneuses ou nordiques du continent.
Son retour en France, par le Jura depuis les populations helvétiques, au début des années 1980, a suscité moins de rejet que celui du Loup. Toutefois, en raison peut-être de sa mauvaise image, ou encore parce qu'il est perçu par certains chasseurs comme un concurrent direct, et bien qu'il soit protégé par la loi, il est la victime régulière de braconnage.

Aussi, aujourd'hui, avec des zones de peuplement limitées au Jura (80% de la population), aux Vosges et aux Alpes, la situation de l'espèce reste précaire en France et est susceptible de s'aggraver.

Carte de répartition du Lynx boréal en France

Le maître de la forêt

L'essentiel du régime alimentaire du Lynx boréal est composé d'Ongulés – Chevreuils, Cerfs ou Chamois – mais il ne dédaigne pas les Lièvres ou les Galliformes de montagne (Tétras, Gélinottes...). D'autres carnivores plus petits, tel le Renard, peuvent à l'occasion lui servir de repas.
Le Lynx ne consomme en principe que les proies qu'il a tuées lui-même. Des données relevées dans les Alpes suisses indiquent qu'un individu capture un Ongulé à peu près une fois tous les six jours, avec un total de 60 prises par an environ, sur des domaines vitaux qui peuvent atteindre, pour les mâles, jusqu'à 450 km².
Un peu comme nos chats domestiques, le Lynx entrecoupe sa journée de longs intervalles de repos et de sommeil et montre un maximum d'activité en fin de journée.

La période de rut, à la fin de l'hiver, est l'occasion d'appels prolongés entre mâles et femelles. Le couple constitué ne demeure ensemble que quelques jours : la règle, tout le reste de l'année, est d'éviter soigneusement ses congénères. Les portées sont de un à quatre petits. La femelle les élève seule, avant leur dispersion entre janvier et avril de l'année suivante. Les jeunes subadultes restent quelques semaines dans le territoire de leur mère puis s'éloignent et se choisissent, parfois après quelques essais infructueux, un domaine qui leur est propre.