Bonjour à toutes, Bonjour à tous et bienvenue dans le Palais des Sports Mendès France. Bienvenue à la Biennale des villes en transition. Je suis Antoine Back, adjoint au maire en charge des risques et de la résilience territoriale, entre autres choses. Je suis aussi en charge de la prospective, dont on voit d'ailleurs ici une magnifique fresque de 26 mètres de long. Mais c'était tout l'enjeu du débat d'hier soir. Il fallait y être. Mais elle sera évidemment, vous pourrez la voir après l'atelier, après cette cette séquence. Pourquoi ? Et aujourd'hui, nous recevons. Nous avons le plaisir de recevoir le groupe URD, Pablo et Véronique, qui vont nous faire une restitution d'une étude sur Sur l'entraide en temps de crise. C'est important pour nous A la Ville de Grenoble, on essaie de penser le futur et les crises. Pourquoi le futur et les crises ? Parce que la science nous dit que demain ne sera pas comme avant En un peu mieux. Voilà, tout simplement. Il s'agit d'avoir un regard lucide sur le monde qui nous entoure. Grenoble n'est pas en dehors du monde. Nous subissons localement les effets de l'Anthropocène global, les effets d'une géopolitique d'une planète déréglée et tout cela sur fond d'explosion des inégalités sociales et de tensions dans la société. Donc, nous le savons, nous devons faire face en toute lucidité à tous ces éléments et garder une trajectoire de transformation du territoire pour le rendre plus robuste et qu'il le soit aussi pour toutes et tous, et pas simplement pour une minorité de privilégiés. Alors on le sait, le stress chronique sape régulièrement, que ce soit l'action du service public, mais aussi dans les économies domestiques et tout cela se révèle beaucoup dans les situations de crise. Les situations de crise qui sont de plus en plus nombreuses, qui sont de nature plus variées, plus diverses qu'auparavant, qui se succèdent et qui mettent à mal tout le système de réponse aux crises, que ce soit des services publics municipaux ou jusqu'au plus haut niveau de l'État, mais aussi les associations agréées de sécurité civile, dont je remercie d'ailleurs la présence de quelques-unes ici et qui auront un atelier cet après midi. Et il s'agit de penser. On a vu aussi dans les différentes crises qui se sont succédées, on a vu les exemples à Valence. On voit aussi dans les crises longues. Est ce qu'on peut encore parler de crise ? C'est un terme que je vais beaucoup utiliser, mais qui sera très certainement qui ne sera pas opportun. Quand la crise est permanente, peut on parler de crise? Dans le Briançonnais notamment, dans l'accueil des personnes réfugiées qui passent et qui essaient de passer les frontières. On voit régulièrement - Et ça, c'est une bonne chose car je crois que c'est une réflexe naturel, l'entraide en situation de crise chez les mammifères notamment, mais pas seulement - Peut être Pablo en dira un peu plus Je crois qu'au niveau cellulaire, ça se retrouve aussi, si je me souviens bien. On voit que l'entraide est un réflexe naturel, une tendance naturelle des êtres humains, et c'est une excellente chose. Cependant, comment est ce qu'elle peut s'articuler, ou non, avec les réponses des services publics, des services des associations agréées de sécurité civile en situation de crise ? C'est un sujet qui nous questionne et que nous voulons prendre à bras le corps ici à Grenoble. C'est pourquoi nous sommes très heureux d'avoir cette restitution de cette étude ici. L'entraide est un des piliers de la stratégie de résilience de la Ville de Grenoble. Vous en trouverez une version résumée ici. Il est disponible à l'entrée et juste à côté sur le stand. Si les notions de linking, de bridging et de bonding vous sont étrangères, ça tombe bien, vous en verrez une description dans ce petit document que nous avons voulu court et didactique. Mais vous avez évidemment la version longue de ce rapport, de cette stratégie de résilience territoriale disponible sur Internet. Je ne serai pas plus long. Je tiens vraiment à vous remercier pour votre présence. Nous serons très attentives et très attentifs à vos travaux. Merci de nous faire partager l'état des connaissances en la matière et ensemble que nous contribuons à construire un monde plus beau, plus juste et plus solidaire pour toutes et tous, y compris dans les situations de crise. Merci Antoine. Bonjour à toutes et à tous, Alors on va prendre une petite heure pour cette restitution et ensuite on va On va prendre ce sujet et le travailler ensemble avec des petits ateliers dans cette salle et ça va nous amener à 12h. Donc on passe la matinée ensemble. Pour cette heure de présentation Oui, merci Antoine d'avoir posé le cadre. On est bien dans un Dans un cadre de crise globale, les enjeux sont systémiques. Il y a le climat, il y a la biodiversité, il y a les inégalités, il y a les crises, les conflits armés, etc. Et c'est dans ce cadre global qu'on parle d'entraide. L'entraide, pourquoi ? C'est un sujet qui est à la fois assez commun On en parle, mais il n'est pas encore hyper présent Officiellement dans les stratégies de résilience. L'entraide, ça sert pour la résilience, ça sert aussi pour la résistance, ça sert aussi pour transformer nos sociétés. On est bien dans un cadre de crise et de risques, mais aussi l'entraide, ça sert dans la vie de tous les jours. C'est que même si les crises n'arrivent pas, on aura amélioré nos vies En favorisant l'entraide entre nous. Enfin le tissu social quoi. Donc là, on est bien en train de parler d'entraide en temps de crise. C'était le sujet principal de cette étude, étude qui est en cours, qui dure Là, on est à la moitié, on va dire. Véronique va commencer à l'exposer et et moi je continuerai après. Je voulais juste dire que j'étais. On était heureux de venir à la Ville de Grenoble parce que on se rend bien compte que la Ville de Grenoble est pionnière dans ces sujets et elle innove. Il n'y a aucune ville qui fait, qui amène ce sujet. Donc on est alors que des équipes internationales de recherche travaillent sur ce sujet ici, on est vraiment à la pointe en la matière. Et bien nous sommes deux à présenter cette étude, Véronique de Geoffroy et moi-même. Je m'appelle Pablo Servigne, je suis auteur et conférencier. Je suis indépendant mais je travaille sur ce sujet avec le Groupe URD que dirige Véronique et ensuite nous aurons Aline et Nadine qui animeront les ateliers. Donc en deux mots, avant de démarrer le Groupe URD est un think tank qui est spécialisé sur la gestion des crises et des situations de fragilité. On est d'abord spécialisé à l'international sur les situations humanitaires et depuis quelques années, on accompagne aussi effectivement l'évolution des crises et leur augmentation sur le territoire national. Et on essaye de faire des allers-retours entre l'expertise qui a été construite dans le secteur de l'aide internationale pour voir ce qui est utile et intéressant de ramener sur le territoire national et inversement. Et personnellement, je trouve que ces allers-retours sont très fertiles et ce projet en est un exemple. Vous allez voir, on va parler de situations qui sont en partie en France et d'autres dans des contextes de crise à l'international. Et du coup, c'est un projet qui n'aurait pas pu voir le jour sans un certain nombre d'appuis que sont l'Agence Française de Développement, la Région Auvergne- Rhône-Alpes, la Fondation de France qui est très impliquée sur ces thématiques là, et la Principauté de Monaco. On est basés nous aussi en Auvergne-Rhône-Alpes, mais on est dans la Drôme, dans un tout petit village perdu en haut d'une montagne, en face du Mont Ventoux. Voilà. Donc on va passer rapidement, mais c'est juste pour dire en fait que ce travail, il n'aurait pas pu voir le jour sans un nombre de collaborations dont certaines qui sont basées ici ou d'autres qui sont qui ont des représentations dans cette salle. Donc je voulais juste rappeler effectivement que Antoine et Norbert Cariou de la ville de Grenoble, vous êtes dans notre comité de pilotage, mais on a aussi l'Université de Grenoble qui est représentée avec Sandrine Carolis et Cécile Cornu. Et j'ai voulu juste faire un petit clin d'oeil au nouveau directeur général de l'AFPCNT de l'Agence française, l'AFPCNT j'y arrive bien. Mais alors l'Association française de prévention des catastrophes naturelles et technologiques. Voilà, je pourrai dire que j'ai réussi à le dire sans me tromper. Et aussi des représentants de la Croix-Rouge Française. Du coup, je les ai pas surlignés. Mais effectivement, la Croix-Rouge française est très impliquée sur ce projet à travers la formation de la Croix-Rouge française en terme de recherche. Donc voilà des équipes de chercheurs au niveau international et l'équipe du Groupe URD. C'est un projet qui est conséquent, c'est sur cinq années. Donc il y a un volet recherche opérationnelle, mais il y aura aussi des activités de diffusion. Notre objectif, c'est de nous adresser à différents types de publics à l'issue du projet. On veut à la fois donner des résultats pour les citoyens, pour les associations qui se mobilisent en temps normal et en temps de crise, pour ceux qui sont sensibles effectivement à l'augmentation des risques sur leur territoire. Et aussi la première ligne de secours et les acteurs des territoires. C'est donc qu'on diffusera largement nos résultats une fois qu'ils seront consolidés. Pour ces différents types de publics et sur différents supports. Et vraiment, notre objectif c'est ça. C'est renforcer l'entraide et l'auto organisation des individus et des citoyens avant l'arrivée des secours. On en reparlera, mais il y a toujours cette période où en fait les premiers intervenants, c'est les voisins, c'est la famille, c'est les plus proches. Et aussi d'améliorer, cette articulation. Parce que vous l'avez dit tout à l'heure, c'est un gros enjeu et il y a beaucoup de questions qui se posent sur l'articulation. Donc, où est ce qu'on en est de notre projet ? On a fait tout un travail d'analyse bibliographique et, je dois dire, moi, après 30 ans de travail dans les crises à l'international, j'ai découvert la l'immensité des travaux de recherche en sociologie, gestion des catastrophes qui justement, déjà depuis des décennies, documentent la force et l'organisation en temps de crise, y compris des non-professionnels. Donc ça, ça a été un énorme travail. Pablo a je ne sais pas combien de centaines, voire de milliers de références sur ce sujet là. Ensuite, on a conduit six études de cas. Donc là, j'ai juste fait un exemplaire des résumés exécutifs des cinq premiers, cinq premières études de cas qui sont sortis là depuis deux mois. Donc, il y a par exemple, en France, l'étude de cas sur la vallée de la Roya. On en reparlera parce que c'est notamment Pablo qui a conduit cette étude de cas. Donc ça c'est vraiment une étude de cas qui en plus, est assez intéressante parce qu'il y a des rapprochements qu'on peut faire, je pense, en terme de territoire avec le territoire de Grenoble et de l'agglo et au-delà. On a fait une étude de cas, tu en as parlé, Antoine, sur la mobilisation citoyenne pour l'accueil des migrants à la frontière franco-italienne, donc sur le Briançonnais qui est une étude de cas particulière. On en reparlera où là, la population, elle est plutôt contre l'État, contre les politiques publiques. Et ça pose, ça fait ressortir d'autres enjeux. Une étude de cas donc, qui n'est pas encore publiée, sur l'île de la Réunion, où on a une culture du risque largement plus développée que sur la métropole. Donc on est allés voir comment est-ce que la culture du risque, la mémoire des catastrophes influent éventuellement la mobilisation citoyenne, l'entraide et l'articulation avec les secours. Mais ensuite, on a voulu aussi explorer d'autres types de contextes, notamment l'Ukraine. Pour ceux qui suivent un peu cette actualité, depuis le début, on entend parler de ces groupes de volontaires qui se sont mobilisés en appui pour les secours mais aussi en appui à l'armée. C'est vraiment un phénomène de résistance sociétale contre l'ennemi et au moment de l'invasion russe, ça nous a semblé très intéressant, d'autant plus pour les acteurs humanitaires, parce que là, vraiment, sur ce contexte-là, c'était tellement massif que ça a questionné la capacité d'action des acteurs humanitaires, des professionnels. Une étude de cas sur l'Australie: l'Australie, vous le savez, mais depuis 2019, ils ont passé des séquences de méga inondations mégafeux. Et notamment là, on a travaillé avec une équipe qui a documenté comment est-ce que les communautés qui se sont retrouvées isolées petit à petit et à travers les crises se sont renforcées dans leur propre capacité de réponse et dans les liens avec les secours ? Et une Une étude de cas au Tchad, à Ndjamena ou dans un quartier en 2022, face à la montée du fleuve. En fait, c'est juste l'approche communautaire qui a réussi à consolider la digue pour éviter les inondations et là, c'est un autre type de contexte, avec des services publics très très éloignés, on va dire ça comme ça. Donc voilà, ça, c'est nos six études de cas, c'est vraiment une matière première qu'on a travaillée, où on a du coup fait des entretiens semi-directifs avec entre 20 et 50 personnes à chaque fois pour vraiment documenter, recueillir la parole, les expériences, le vécu à la fois des sinistrés, des entraidants et des secours. Ensuite, on avait bien conscience qu'on n'arrivait pas à couvrir toute la diversité des contextes et des thématiques. Donc on est là actuellement dans une série de six webinaires qui complètent finalement notre étude à travers soit des approches thématiques, la question du genre comment est-ce que, par exemple, le rôle des femmes est-ce qu'il est important Dans l’entraide ? Est ce qu'il est visible ? C'est une question. Je crois que c'est la semaine prochaine qu'on a le webinaire, mais on a aussi fait par exemple le soutien psychosocial. Comment est ce que les individus dans les crises peuvent être aussi des relais d'un soutien psychosocial et comment eux aussi peut être les entraidants deviennent aussi au bout d'un moment atteint au niveau psychosocial ? Et comment ? Voilà comment est-ce que ça joue sur les questions d'entraide. On va avoir un webinaire sur les politiques publiques. Comment est ce que les politiques publiques. D’ailleurs il y’a Norbert qui va intervenir sur sur ce webinaire. Et on va faire une comparaison avec la Suisse et je sais plus quel état du nord de l'Europe, je me souviens plus. Bref, voilà comment les politiques publiques préparent et empuissantent la mobilisation citoyenne, y compris en préparation aux crises. Et puis on a voulu aussi travailler sur d'autres contextes qu'on n'avait pas pu couvrir avec nos études de cas. Donc on a fait quelque chose sur le Soudan pour ceux qui suivent l'actualité, c'est extraordinaire. Oui, c'est terrible la guerre civile au Soudan et elle est vraiment catastrophique en termes de pertes de vies humaines, de déplacements, etc. Mais en même temps que ça, il y a une mobilisation des Emergency Community Kitchen sur ce contexte là qui maillent le territoire et qui sont là où les acteurs humanitaires, pour des raisons de sécurité, ne peuvent pas intervenir. Il y a ça qui fonctionne, avec notamment un appui de la diaspora de la planète entière. Et ça aussi, en fait, c'est une dimension un peu nouvelle dans les crises et des capacités de réponse qui sort des radars qu'on avait imaginé au moment de la construction des organisations humanitaires, des secours, etc. Donc très intéressant. Et le Japon ? Le Japon avec le tsunami et la crise de Fukushima où là ça illustre aussi d'autres facettes de nos travaux ? Où est ce qu'on en est aujourd'hui ? On en est dans notre analyse globale, on met tout ça dans un pot, on fait la cuisine avec tous ces éléments-là pour faire émerger petit à petit des des choses qui sont convergentes, des recommandations. Et donc on est en train de finir la publication des six études de cas. Mais du coup, après la fin de l'analyse globale, avant la fin de l'année, dans le deuxième semestre, on publiera un rapport global, en fait, qui réponde à nos questions de recherche qui nous guident depuis le début de nos travaux. Et on en même temps qu'on fait ce travail là, on va co-construire des recommandations. Alors il faut quand même qu'on vous dise que notre analyse globale, elle est pas complètement finalisée, on est en plein dedans, on est en train de tout tout mettre sur la table pour voir ce qui en ressort. Donc c'était avant-hier, il y avait la Dernière, qui était présentée ici. Nous on est en avant-avant-première, donc soyez indulgents, nous on va faire de notre mieux pour vous présenter là où on en est, mais on a bien conscience que c'est pas finalisé et qu'on a encore beaucoup de travail et notamment la question des recommandations dans notre projet. On s'est engagé à les co-construire. Donc du coup vous êtes pareils, vous êtes notre premier groupe avec qui on va réfléchir à des recommandations et voilà. Je vous remercie d'ailleurs d'être là et de nous aider à travailler. Du coup voilà. Et derrière ça, on diffusera tout ça largement pour différents types de publics grand public, professionnels et acteurs des territoires. J'en ai déjà parlé, hein, mais effectivement, c'est un projet de recherche. Donc on a suivi une méthodologie très stricte avec nos questions de recherche, avec un protocole qui nous permet aujourd'hui, du coup de faire cette analyse transversale. Évidemment, on n'a pas pu couvrir toute la diversité des contextes. On a conscience alors avec le Japon, qu'avec le Japon, on va toucher un tout petit peu la question des catastrophes technologiques. On a conscience qu'il y a des enjeux particuliers, notamment sur l'entraide et l'articulation avec les secours dans des contextes de catastrophes technologiques. C'est pas complètement couvert par nos propres études de cas. C'est pour ça qu'on essaye d'élargir à d'autres types de contextes à travers les webinaires. Mais on ne peut pas, on ne peut pas prétendre avoir couvert toute la diversité des crises malgré nos efforts Et donc ça, il faut l'avoir en tête et le choix de nos contextes d'étude, à chaque fois, on a atterri vraiment sur un lieu particulier et on a creusé, creusé, creusé. On n'a pas voulu faire du large, on a plutôt vraiment fait un choix méthodologique d'atterrir sur un territoire donné. Et ce choix qu'on a, on a évidemment plutôt choisi des zones où il y avait de la matière à étudier que des zones où il n'y avait pas eu d'entraide. Donc il faut aussi garder ça en tête, même si la littérature nous confirme que il y a en temps de crise en général. Mais je laisse, je ne dévoile pas les résultats, mais en général il y a de l'entraide. Je crois à peu près partout. Voilà, et je te laisse la parole. Merci. Alors qu'est ce qu'on peut déduire de toutes ces recherches à la fois bibliographiques et sur le terrain ? Ah non pardon, avant je fais une petite précision sémantique: là on parle des mots entraide et de solidarité. Pour avoir un langage commun ce matin, on va un peu préciser. Par entraide, on entend un acte d'aide mutuelle, donc c'est une action avec une certaine réciprocité potentielle. J'aide quelqu'un et soit cette personne m'aide en retour, soit j'estime ou j'ai l'impression qu'elle pourrait m'aider aussi. Une réciprocité potentielle. Donc on voit qu'il y a une certaine horizontalité dans ce mot entraide, d'accord, à la différence de l'aide. Quand vous avez des secours qui arrivent, ils aident, ils s'attendent pas à ce qu'il y ait une réciprocité. Ok, donc il y a une verticalité dans l'aide. Donc ça c'est un petit schéma vertical, horizontal, qui peut permettre aussi de se repérer tout au long de la matinée et plus tard. Entraide et aide sont des actes. La solidarité, c'est plutôt un sentiment. C'est quelque chose qui unit des personnes et qui donne envie d'aider. On se sent solidaire avec des gens. C'est pas un acte, c'est un sentiment. C'est une sorte d'obligation d'aider. Voilà, on a des liens forts avec Donc actes, sentiments. Et on disait tout à l'heure je sais plus, c'était toi, Véro ou Antoine, les crises, c'est aussi un mot fourre-tout pour l'instant. Situation qui sort un Qu’est-ce que j’ai dit ? Situation qui sort un système d'une situation de fonctionnement normal ? Euh voilà, on est en dysfonctionnement et là on peut distinguer les crises ponctuelles, violentes, Globales, systémiques des dégradations progressives. Les deux, on va les mettre pour l'instant dans les crises. Et pareil, ça dépend aussi du point de vue : du point de vue du citoyen, on est vite dans une situation anormale par contre des services de secours dont le métier est la gestion des crises., s'il y a un incendie, une inondation ou que sais je et que ça rentre dans les cordes de tout ce qui est prévu et anticipé, ben on pourrait appeler ça un événement. On discutait avec Norbert, et du point de vue des secours, une crise, ce sera quelque chose qui n'est pas anticipé, qui est complètement hors-cadre. Donc ça dépend aussi du point de vue, vous voyez, le terme de crise ? Pour l'instant, on va prendre cette acception que c'est une situation anormale. Alors, l'entraide, dans tous nos cas d'étude et partout dans la littérature, c'est massif. L'entraide, elle sort tout le temps et on a essayé, donc il y a eu plein d'actes dans les résultats qu'on a et on les a classés en différentes catégories. Pour l'instant, c'est encore un peu temporaire. Il y en a six, sept, huit. Il y a des actes autour de l'alimentation. La gestion des ressources: c'est le principal. Quand il y a une situation catastrophique, les gens pensent à manger, à boire d'abord, et à sauver des vies. C'est le principal. Donc il y a... là, c'est principalement des exemples tirés de la vallée de la Roya, Vallée de la Roya, C'était en 2020. Il y a eu la tempête Alex qui a amené des pluies immenses sur Il y a eu 50, 60, 70 cm de pluie en un peu plus de 24 h sur des terrains secs. Donc toute la petite vallée dans le Mercantour à la frontière avec l'Italie a été emportée par des trombes d'eau, des quantités d'eau immenses. Tous les ponts, les routes ont été détruites, c'était apocalyptique. Et la vallée étant enclavée par l'Italie, la frontière, les montagnes, Et bien toute la vallée qui représente, c'était combien déjà ? 5 000 habitants ? 5 000, 6 000, je sais plus. Quelque chose comme ça. Moins de 10 000 a été isolée pendant plus de 24 h. Pas de routes, pas de téléphone, pas d'électricité, pas d'eau, rien, Pendant plus d'un jour, quoi. Et les secours ont mis du temps à arriver de l'extérieur. Et puis petit à petit, il y a eu, des mesures d'urgence, etc. Donc les hélicoptères, etc. Et donc il y a eu, il y a eu quelques heures d'entraide pure, d'improvisation, à la fois chez les habitants et dans les systèmes de secours. Donc on a eu des mises en commun de congélateurs, les congélateurs marchaient plus, il y avait plein de viande. Tout à coup, ils ont fait des barbecues sur la place publique, les gens ont distribué gratuitement, les magasins sont ouverts. On parle souvent de pillages dans les médias, mais il faut savoir que c'est le plus souvent pas le cas. C'est juste des gens qui viennent sauver des vies. Et donc voilà, là aussi, ça dépend du point de vue. Enfin oui, la question des médias, c'est encore autre chose, mais il y a eu plein de partages de nourriture, de repas collectifs. De systèmes de troc. Des systèmes artisanaux pour réparer des canalisations, pour remettre de l'eau. Il y a des paysans qui ont pris des des remorques d'eau pour aller en ville et distribuer de l'eau ENfin, plein d'improvisation. Récolte de bois de chauffage pour pour chauffer ou pour faire la cuisine avec des gens qui n'avaient plus d'électricité, etc. Donc beaucoup de choses autour de l'alimentation et des ressources De l'hébergement. Alors la catégorie Hébergement et accueil des sinistrés aussi très important Des gens qui n'avaient plus de logement étaient hébergés chez des bénévoles, voisins ou des inconnus. Et puis utilisation de de bâtiments communs collectifs municipaux pour accueillir les gymnases, les gares, les salles municipales, etc. avec les élus et les services publics qui étaient pris aussi comme des sinistrés et qui étaient là en mode improvisation, en mode dégradé, et qui sont à la fois élus: ils ont un rôle et ils se sentent investis d'un rôle, mais à la fois sont des citoyens et ils sont aussi sinistrés et victimes, etc. Donc on a déjà une sorte de porosité entre l'aide et l'entraide, entre les statuts des gens en cas de catastrophe. Tout est un peu, tout est parfois brouillé. On a évidemment des secours aux personnes: sauvetage direct de personnes soin, urgence. aux humains ou aux animaux aussi et il y a des des gens, des citoyens qui ont aidé les secours. Ils ont aidé des citoyens entre eux, les voisins, etc. Et aussi aux professionnels de l'aide aux professionnels. Il y a eu beaucoup de nettoyage, reconstruction, la boue, les infrastructures, les ponts étaient tous détruits. Donc il y a des gens qui avaient des tractopelles ou des outils, qui savaient faire: Ils ont construit des ponts en bois à l’arrache. C'était interdit, on s'en fout, on le fait quand même. Et puis deux mois après, c'est reconstruit. On attend pas les les autorisations, il fallait le faire dans l'urgence. Collecte des déchets, chantiers collectifs des chaînes humaine, s tout ça est massif partout. Transport, logistique aussi. Beaucoup de gens ont aidé les secours à accéder à des endroits inaccessibles, avec des quads, des 4x4, des motos. Organisation de navettes... Voilà, du stop, plein de choses qui se font de manière spontanée. Beaucoup de choses dans la coordination et la communication. Surtout les transmissions d'infos, parce que quand il y a plus d'électricité, il y a plus de portables, il y a plus rien. Comment on fait pour communiquer, pour savoir qui a besoin de quoi ? Premier réflexe: vous allez à la place centrale, vous voyez qui est là. Les gens sont un peu hagards. On accroche une affiche, on demande qu'est-ce qui se passe ? Donc le bouche à oreille est fondamental. Et puis les places à la mairie... Enfin après on ressort les papiers, les stylos, etc. Euh c'est de l'impro. Centre de tri, distribution de dons, etc etc. Et solidarité liens sociaux et psychologie et santé mentale, comme tu disais Véro. Soutien et soins psychologiques entre sinistrés, ou aux aidants : aider ceux qui aident aux professionnels des secours Et ça c'était, Ah oui, c'était des citoyens qui aidaient des pros à aller aider les entraidants Enfin bref, tout le monde à un moment s’aide. Avec aussi des visites régulières aux personnes isolées. Il y a eu beaucoup d'attention dans la montagne, c'est un territoire montagneux, donc il y a déjà de l'entraide structurellement, Il y a une sorte d'esprit montagnard qui fait que ceux qui ont les capacités et les compétences vont marcher un jour, deux jours en montagne pour aller voir les maisons isolées, les petits vieux qui savent pas bouger. Est-ce que vous avez besoin d'aide ? Comment ça va ? Parce qu'il y a pas de communication. Donc ils reviennent, ils donnent des nouvelles à tout le monde, ils amènent de la nourriture, etc. Tout ça s'est fait spontanément sans pros. Et quand les pros sont arrivés, la gendarmerie, les équipes de secours, de montagne en hélicoptère, etc. Deux ou trois jours après, une semaine après. En fait, tout avait déjà été fait par les guides de montagne, par les gens qui connaissent la montagne en fait. Euh. Assistance aux personnes âgées. Ils ont déplacé toute une maison de retraite en pleine nuit, avec la pluie, etc. Beaucoup de choses. Donc ce qu'on constate, c'est déjà qu'on peut classer tous ces comportements. On les a classés en trois catégories. C'est encore en test, mais on vous les présente comme ça. Donc il y a déjà tous les comportements spontanés, des gestes simples, des échanges directs, surtout entre personnes de proximité, les voisins, les amis, ceux qu'on voit puisqu'il n'y a pas de communication. En tout cas dans ce cas là, quand il y a peu de communication, quand on est dans l'urgence, quand on est pris dans la peur, eh bien on s'occupe déjà de ce qu'il y a autour de nous et c'est assez improvisé. Voilà. Donc c'est ce qu'on a appelé l'entraide primaire. Puis petit à petit, quand ça c'est bon, quand vos voisins sont ok, votre famille est ok, il y a un petit à petit une entraide secondaire qui se met en place. Elle est plus structurée, elle est plus collective et plus spécialisée. Donc tous les trucs faciles sont faits. Et il y a des chantiers collectifs plus compliqués, genre faire un pont ou enlever toutes les voitures de la place publique, la boue, etc. Ça demande des efforts collectifs, donc on est obligé de se structurer, etc. Chantiers participatifs qui se mettent en place petit à petit, après quelques jours. Et on a besoin d'experts, de plus en plus. Donc on a une entraide dite secondaire qui apparaît, souvent qui implique des collectifs déjà structurés avant la crise, genre des clubs de foot, des syndicats, des assos, etc. Ça c'est déjà structuré, donc ils savent, ils se connaissent et ils peuvent agir vite. Ils ont les outils, ils savent qui appeler pour avoir un camion, une tractopelle, etc. Et donc là on est déjà à plusieurs jours, semaines, voire mois après la crise. Il y a encore des chantiers collectifs là, quatre, cinq ans après la Roya, Euh, pourquoi ? Parce qu'il y a une entraide tertiaire, dite tertiaire, qui s'est mise en place, qui s'est pérennisée et institutionnalisée. Il y a des gens, ils ont tellement eu de succès, ils ont tellement kiffé aider et avoir une boucle de rétroaction positive. Dans leurs actes, ça a été utile, ça a été génial. Donc ils se sont constitués en association. Dans la Roya, il y a eu Mission Trekkeurs, des montagnards qui sont allés voir un peu tout le monde comme je vous disais. Ils se sont constitués en association et aujourd'hui ils sont allés aider en Allemagne dans les inondations à Valence, encore les inondations et il y a plus besoin d'aide dans la Roya mais ils externalisent l'aide ailleurs dans le monde, ils exportent l'entraide. Il y a les week-ends solidaires qui sont mis en place quelques jours après dans la Roya avec tous les gens qui venaient de Nice pour aider. Et ça, ça dure encore. C'est une association qui dure. Enfin bref, il y en a quelques-unes dans la Roya, ce qui fait qu'il y a cette entraide. Elle a tendance Alors j'ai mis un petit graphique là: au début, l'entraide primaire, elle explose. On est tous dans la merde, on doit s’aider, on réfléchit pas, c'est comme ça. Puis elle diminue avec l'urgence et l'entraide secondaire commence à émerger et l'entraide a cette tendance, une fois que l'urgence passe, à s'effacer au profit de ce qui a été installé et construit. Donc l'entraide tertiaire, les associations, je les ai schématisées comme ça. Alors c'est pas quantitativement, ça veut rien dire, c'est c'est une image, c'est une représentation. Pour vous dire que ces différents types d'entraide se succèdent et qu'il y a une tendance à l'entraide une fois que l'argent c'est passé, à s'estomper. Donc l'enjeu c'est quoi ? C'est de d'anticiper la venue de l'entraide et d'essayer de la maintenir, de la stabiliser, on va dire, sur le temps long. Donc, quand il y a une crise en mode spontané, il y a toujours de l'entraide populaire on va dire citoyenne grassroots comme disent les Anglais, Bottom-up, ça vient de partout et c'est et c'est une sorte de réflexe, c'est spontané. Donc on pourrait la considérer comme une sorte de d'animal sauvage. C'est quelque chose que... vous aurez beau faire n'importe quoi si vous la canalisez, si vous la canalisez pas, peu importe, ça va sortir. Si vous la prévoyez pas, ça sort. Si vous la prévoyez, ça sort. Et ça nous fait revoir le mythe de l'égoïsme et de la compétition. Véro tu en parleras juste après, mais ça va à l'encontre complètement de notre mythologie libérale qui est que, en fait on va tous s'entre tuer. S'il y a une crise, ce sera la guerre de tous contre tous et c'est en fait la conception qu'on a, philosophique, dans nos sociétés depuis deux ou trois siècles, depuis les fondements du libéralisme. Hobbes et compagnie, tous les philosophes qui ont fondé le libéralisme avaient une conception de la nature et par extension de la nature humaine très mauvaise. La nature, dans la jungle, c'est l'agression et la compétition. Et s'il n'y a pas une structure, en l'occurrence, l'Etat qui vient organiser les choses, c'est la guerre de tous contre tous. Ça c'est notre conception libérale de nos sociétés modernes. Et c'est faux! Dans la nature, il y a beaucoup d'entraide et spontanément ça sort. Notre société est basée sur un mythe faux, et aujourd'hui toxique. Le trop de compétition est corrosif pour les sociétés et maintenant pour l'environnement. Je ne vais pas m'étendre là dessus, parce que ça serait long. Mais on pourrait en discuter après avec plaisir. Est ce que l'entraide est exceptionnelle ? Pas du tout! Dans les médias, souvent, les reportages Wahou la vallée de la Roya. Il y a de l'entraide, c'est incroyable. Pas du tout! C'est complètement banal. Et ça, c'est parce que les médias sont dans le mythe de l'égoïsme et de la compétition. C'est très commun et il y a des expériences. Donc dans la bibliographie, elle est monstrueuse, dans tout plein de cultures humaines partout dans le monde, plein de catastrophes différentes. A chaque fois, c'est la première réaction. Il y a même des expériences en laboratoire ou des économistes expérimentaux ont dit on fait des Ils ont mis des participants autour des tables avec des jeux économiques. Ils donnaient 20 € à chacun et testaient le comportement prosocial ou antisocial de chacun en faisant varier des paramètres. Et ils montraient que plus on mettait les gens en comportement instinctif de répondre rapidement, plus les gens étaient pro-sociaux. Plus on les faisait réfléchir, On les passaient en mode rationnel, plus ils étaient égoïstes. Et donc si on les forçait à répondre vite, ils allaient être plus instinctifs, plus intuitifs, plus pro-sociaux. Et ça correspond à ce qu'on observe en cas de catastrophe. Quand vous avez quelqu'un qui meurt, qui saigne devant vous, Mais peu importe si c'est un voisin, si c'est quelqu'un que vous connaissez, pas quelqu'un avec qui vous entendez pas, vous aurez envie de le, de l'aider, de le sauver, etc. Et on réfléchit pas et quand on demande Par exemple les Justes pendant la guerre qui ont sauvé les juifs. Il y a des études là dessus. On leur dit, mais pourquoi vous avez fait ça ? C'était risqué, c'était courageux. Non, pas du tout. Moi, je suis pas un héros, j'ai juste J'ai pas réfléchi. Ils disent j'ai pas réfléchi. C'était une question d'humanité. Donc ce n'est pas du tout exceptionnel et c'est vraiment nous, On est câblé, nous les humains, au niveau neuronal, hormonal et culturel, pour aider, pour s'entraider, pour la pro-socialité. Ce qui est exceptionnel et ce qui est vraiment bizarre chez nous, c'est notre culture de la compétition. C'est ça qui est dangereux. Et donc en temps normal, quand il n'y a pas de crise, c'est totalement c'est totalement normal. L'entraide, elle est discrète et elle est partout. Elle est discrète parce qu'on a mis les lunettes de la compétition et depuis petits, on est éduqués à la compétition, à la compétitivité, à tout ça. Et on ne voit plus qu'il y a des actes d'entraide partout. Mais en fait, on a été éduqués là dedans aussi. Donc quand les normes sociales disparaissent en temps de catastrophe, on a quand même une norme sociale internalisée qui font qu'on est sympas. C'est juste une question d'empathie et ça existe depuis toujours. Pourquoi l'être humain, il a réussi à arriver ici après des millions d'années, pourquoi on a traversé l'adversité depuis des centaines de milliers d'années ? Parce qu'on vit en société. On est une espèce ultra sociale, c'est-à-dire hypersensible, à l'empathie, à la réciprocité, à l'altruisme, etc. Et on arrive, en plus de notre nature, à construire des normes sociales et des institutions qui bétonnent ça, qui font les sociétés. Donc c'est en nous. Ce n'est pas du tout une exception. L'entraide est partout et elle va sortir. Et elle sort d'autant plus qu'on a besoin les uns des autres. C'est ça la clé. Dans cet esprit de communauté, quand vous vous sentez en esprit de communauté, c'est-à-dire vous êtes dans un groupe où il y a des liens forts, il y a du sens, vous connaissez les gens, l'être humain, il se sent bien, les peurs diminuent et voilà. Et on est, on est fait comme ça. Et quand on a besoin les uns des autres, c'est encore plus facile. Qu'est ce qui fait que parfois on va avoir des comportements égoïstes, compétitifs ? C'est parce qu'on n'a pas besoin les uns des autres La compétition et l'égoïsme, c'est un truc de riches, un truc d'abondance. Quand on est dans l'abondance et qu'on n'a pas besoin de son voisin, on peut se permettre le luxe d'être égoïste et compétitif. On peut aussi s'entraider. Je ne dis pas que les riches sont toujours égoïstes et compétitifs, mais ça laisse la porte ouverte à l'égoïsme et la compétition. Quand on a besoin les uns des autres, on est obligés de s'entraider en quelque sorte. On peut vouloir le faire, mais aussi on est obligé. Et les compétitifs, les égoïstes, c'est les premiers, ce sera les premiers à mourir. C'est pour ça qu'en temps de catastrophe, l'entraide émerge. En temps d'abondance, c'est plutôt la compétition et l'égoïsme. Alors il y a plusieurs facteurs. Là, c'est un petit peu en cours de réflexion, mais on a remarqué déjà plusieurs facteurs qui sont défavorables à l'entraide. L'entraide émerge toujours, mais parfois c'est pas terrible et il y a des tensions et des conflits avant qui font que ah non, lui, ce voisin là, je vais pas aller l'aider parce qu'il m'a vraiment fait chier pendant des années et donc alors parfois c'est tellement grave qu'on va quand même l'aider. Mais parfois la situation est pas si grave que ça, je vais pas l'aider. Donc c'est important le climat social ou anti-social avant la crise, l'isolement des gens. Plus les gens sont isolés ou se sentent isolés, moins ils auront tendance à la pro-socialité, à l'entraide. Donc le tissu social est important, la qualité du tissu social. On en reparlera peut être, et le manque de préparation. Il y a des gens qui disaient mais moi je savais pas qu'il y ait des je connais pas mes voisins et je ne connais pas les procédures et je ne suis pas préparé moi-même. Je sais, je ne sais pas gérer mes peurs. Donc j'étais sidéré que quelqu'un qui n'a pas, qui s'est pas entraîné, qui gère pas ses peurs, qui n'a pas ces capacités à bouger, il pourra pas aider. On peut aider quand on est bien, quand on a assuré sa survie, ses voisins, les liens avec sa famille, etc. Là on a des capacités d'aller aider et quand on sait quoi faire, quels sont les protocoles, qui contacter dans les services de gestion de secours, des services de la ville, quels sont les voisins à contacter, etc. Quand on a un peu anticipé, ça marche quand même beaucoup mieux. Enfin, il y a moins d'impro en tout cas. Et il y a plein de facteurs qui favorisent l'entraide: le sentiment d'urgence. Plus c'est catastrophique, plus on va s'entraider. La connaissance du territoire Le besoin de se sentir utile, hyper important. Les gens ont envie de faire quelque chose. On le voit. C'est le désastre autour de nous On a trop envie d'aller aider et de participer à la communauté. C'est nos villes, c'est nos voisins, c'est notre vallée. Donc ce sentiment d'appartenance, de communauté dont je parlais est hyper important. Sentiment de communauté. Et les liens sociaux, c'est un peu en miroir avec l'isolement. Là c'est un gros, gros sujet. Antoine Tu parlais de Bridging, Bonding Linking, différents types de liens sociaux. Je vais y venir. Mais surtout, dans les témoignages qui revenaient souvent, c'était ces personnes, ça sera mes voisins après la crise. On va vivre avec, on va continuer à vivre avec. Il y a une relation de long terme. On ne peut pas se permettre de casser, de piétiner. Donc c'est important aussi dans la conscience qu'il y a d'un après crise et de la reconstruction, etc. Et un phénomène aussi récurrent partout dans les crises, ce que les scientifiques appellent l'identité partagée, c'est que ceux qui ont vécu la crise, ils savent. C'est nous, c'est notre crise. On l'a vécue, on l'a traversée. Vous, vous venez nous aidez, mais vous savez pas en fait, vous n'avez pas vécu la chose et donc on a on a ce sentiment d'avoir vécu un truc qui nous a soudés à vie. Il y a l'avant et l'après. Et ce lien là, il est très très puissant et il dure après la crise et ça émerge pendant les crises. Et ça, ça provoque beaucoup de comportements pro-sociaux. Je vois une main qui s'est levée. J’avais une question sur l'entraide on va dire, avec l'idée de coopération territoriale. parce que tu parles d’esprit de communauté à l’échelle d’une vallée Et du coup, ce besoin, on essaye de faire communauté parce qu’on connait son voisin, etc etc. Si tu reprends l'exemple de la Roya ou de la Vésubie l'entraide de l'arrière-pays niçois, voire même de la métropole. Ils sont venus jusque dans la vallée. Comment a été accueillie cette entraide qui venait d'acteurs de très loin du territoire? J'y viens après. Merci. Je vais pas assez vite, mais j'ai trop envie de tout vous dire. Ouais Ouais, on va parler de tout ça après. Donc je vais essayer de fixer les idées. Avant la crise, vous comprenez bien que pendant la crise, ça émerge. Mais avant la crise, il faut qu'on prépare cette entraide, limite qu'on la cultive pour que ça se passe mieux pendant les crises et après dans la reconstruction. Et donc il y a des types de liens qui sont à travailler avant la crise, en particulier les liens verticaux, c'est à dire les liens de confiance envers les autorités: les pompiers, la sécurité civile, les élus et au delà: le département, la région, l'État. Et parfois, il y a beaucoup de défiance. Et s'il y a de la défiance, on l'a vu pendant le COVID, c'est compliqué de gérer, c'est compliqué de... L'articulation, mais ça tu y viendra Véro après. Et je voulais juste mettre ce schéma pour aussi capter, vous donner une sorte de cadre, de grille de lecture pour analyser après tout ce qui arrive dans vos vies ou tout ce qui va. Bref. Les liens horizontaux, ça c'est clé, c'est les liens entre voisins, les liens entre personnes d'une même strate, c'est-à-dire les amis, la famille, les citoyens, les habitants d'un quartier. Ça marche aussi pour les classes sociales. Dans une société hautement stratifiée, les hyper riches s’entraident entre eux. Les pauvres s'entraident entre eux. Et il y a moins du coup, dans une société stratifiée, d'entraide entre classes. Donc l'entraide, c'est cette force horizontale, convergente, qui aide, qui permet de traverser l'adversité. Et on voit bien ce côté horizontal apparaître. Et là il y a plein de types de liens différents. Je vais pas rentrer dans les détails en gros c'est les liens très puissants: amis, famille, ça c'est hyper important pour l'entraide primaire, pour tout ce qui sort spontanément. Il y a les liens qu'on a horizontaux avec des gens qu'on connaît moins, les collègues, les collègues de boulot, enfin les gens dans un autre quartier, etc. C'est des liens plus ténus mais qui sont hyper importants pour d'autres dynamiques, en particulier l'entraide secondaire et d'autres d'autres choses. Et puis les liens linking, c'est ça. J'ai remis quand même les mots ça, c'est les liens avec les autorités. Et donc, je pose ça aussi il y a des liens.... Ça je l'ai vu nulle part ailleurs, donc je pose ça comme un élément de réflexion. Il y a des communautés d'affinité, les gens avec qui on s'entend et il y a les voisins. Et parfois on s'entend pas avec les voisins. Et donc il y a des liens de proximité et des liens d'affinité, et les communautés peuvent être étendues dans l'espace. Mais ce qui est aussi important, c'est de voir les liens de proximité. On a inventé ce mot, la voisinauté, pour le distinguer de la communauté. Je pense qu'il y a un truc à creuser là-dedans. D'améliorer les liens, les deux types de liens. Donc pour se préparer, je vais faire un peu vite. Je vais bientôt terminer. Et bien améliorer les facteurs, enfin prendre en compte les facteurs sociaux, communautaires, de voisinage. Là, je m'adresse aussi à vous en tant que professionnels de gestion des crises. Améliorer le degré de connexion entre les membres d'un réseau. C'est mieux. Là, c'est la voisinauté. Si les personnes sont proches physiquement, ça marche mieux dans les premières réactions. Et il faut impliquer les groupes, les associations ou les réseaux déjà préexistants dans des scénarios de planification de catastrophe. Donc évidemment, faire des scénarios. S'exercer aux crises, c'est le meilleur moyen de créer du lien avant les crises. Donc jouer. On est un animal, on est un mammifère. Et les mammifères, les primates, ils apprennent en jouant. Il n'y a pas d'autre moyen. S'entraîner aux crises sans trop de niveau de peur, c'est la clé. Et donc organiser des événements de quartier qui renforcent les liens sociaux. Donc si vous avez la crise, qui est ce carré rouge ? Il y a la réponse des habitants. Elle arrive toujours. Et il y a la réponse des secours. On sait que les secours aident les habitants. Ok, ça tout le monde le sait. Il y a une aide extérieure, professionnelle qui arrive pour aider les secours, quand ils sont débordés et il y a plein d'aide, c'est ce que tu disais tout à l'heure, qui arrive de l'extérieur, si c'est trop catastrophique, on s'en sort pas. Il y a plein d'habitants qui spontanément vont venir aider. Là, on est dans l'aide. Nous, ce qu'on a vu là, c'est qu'il y a plein d'entraide. Les habitants s'auto-organisent. D'accord? Et là on va passer à l'articulation. C'est là que ça va devenir un peu plus compliqué. Merci. Bon, un constat général, à la fois dans la littérature, mais aussi dans nos études de cas, dans les webinaires, c'est que ces différentes formes d'entraide sont a priori reléguées au second plan en temps de crise dans les dispositifs officiels malgré l'efficacité prouvée, la richesse et la puissance de ces mouvements là. Pour démarrer la petite anecdote, on était Nadine et moi il y a un mois dans un exercice. Jerry aussi y était, qui était organisé par l'agglomération de La Rochelle. Donc un exercice de mise en situation "vague de submersion marine" sur toute l'agglo. Et on était observateur à différents endroits avec justement prévention Maif qui avait avec le Crisis Lab de Sciences-Po Paris. Et donc on était dans ce mouvement-là voulu faire jouer je crois pour une des premières fois, l'implication citoyenne, l'entraide dans un exercice de préparation aux crises. Petit témoignage personnel j'étais dans une mairie où ils étaient super organisés, le PC de crise, etc. C'était impeccable et les bénévoles qui arrivaient dans l'accueil étaient gérés par les secrétaires de mairie qui prenaient note des propositions de bénévolat, etc. Et ça n'a pas réussi à rentrer. En fait, ce n'est même pas rentré dans le PC de crise. Après, il y a d'autres dispositifs dont on parlera peut être, mais effectivement de plateformes. Prévention MAIF a développé une plateforme pour mettre en lien ceux qui proposent et ceux qui nécessitent d'un coup de main en temps de crise. Donc ça, c'est un dispositif intéressant, mais c'était vraiment très intéressant d'être observateur dans le PC de crise et à aucun moment on a vu passer la barrière. Et pourtant il y avait des professionnels de santé, des gens qui avaient des logements à proposer. Donc il y avait beaucoup de propositions, mais ça n'était pas du tout intégré. La fin de l'histoire quand même, C'est que dans le débriefing du coup, les gens ont dit ah ben tiens, on va intégrer ça dans notre J'ai oublié le terme là, mais dans les procédures de gestion de crise. PCS voilà. avec une fiche action, y compris du coup pour les gens qui sont à l'accueil et pour que ce soit intégré parce qu'effectivement c'est une richesse. Mais pour l'instant ça n'a aucune place nulle part. Donc ça c'était une petite expérience. Mais effectivement, dans tout, dans tout ce qu'on a documenté à la Roya, en Ukraine, au Tchad, etc. C'est que c'est comme si c'était deux mondes parallèles en fait. Alors on a essayé Je vais proposer quelques pistes, là où on en est du pourquoi et des enjeux qu'il y a derrière tout ça. En fait. Première chose en fait, je pense qu'il reste quand même à la fois une méconnaissance. Je pense qu'il y a juste des angles morts. C'est-à-dire, je pense que le maire de la petite commune où j'étais à côté de La Rochelle, je pense qu'il avait juste besoin qu'on en parle et de visibiliser la chose. Parce que c'est des professionnels. Ils ont leurs responsabilités, ils ont des protocoles. Ça prend déjà beaucoup d'espace mental, il y a toutes les responsabilités. Et donc je pense que pour certains, c'est de la méconnaissance, un angle mort. Après, quand on va creuser un petit peu pour se dire mais comment ça se fait que ce soit un angle mort alors que c'est si puissant, présent et visible ? En fait, pour ceux qui traversent des crises, eh bien en fait, il y a quand même des mythes à déconstruire. Et la littérature, là-dessus est extrêmement convergente pour dire qu'il y a trois mythes qui restent présents dans l'esprit des individus et du coup des secours professionnels. Plus on devient professionnel, plus on est persuadé que la solution, c'est le côté professionnel. Parce que les individus, c'est bien connu, ils paniquent en temps de crise et ça va être la catastrophe. L'ensemble des études qui ont été faites en temps de crise, mais même au moment du 11 septembre, etc. C'est qu'au contraire, en temps de crise, il y a une espèce, il y a du silence, les gens se concentrent et il y a au contraire une grande concentration et contrôle de soi. Donc ça ne veut pas dire que c'est pour 100 % des gens. Et évidemment, il y a de la peur, mais la peur, à ce moment là, elle est nécessaire. Il faut aussi échapper au danger, donc il faut être sur ses gardes. Mais ce n'est pas la même chose de paniquer que d'avoir peur pour de bonnes raisons. Et cette idée que les individus paniquent, elle est vraiment, complètement démontée dès qu'on a une approche scientifique de la question et qu'on documente ces situations-là. Peut être que ça a été peu documenté ou peu connu parce que, en fait, c'est des situations exceptionnelles. C'est rare qu'il y ait des chercheurs qui soient là au moment de la crise. Nous dans le secteur humanitaire en fait, les premières missions qu'on fait régulièrement, on ne peut que dire que tout le monde dit que ça a été extraordinaire, les premiers temps que les voisins ont été les premiers à aider, etc. Mais en général, quand les secours arrivent, on a déjà passé cette première vague-là de l'entraide primaire. Et ça s’estompe assez rapidement, surtout au moment où justement les secours arrivent. Donc c'est rarement documenté du fait de l'absence des chercheurs et puis de la difficulté méthodologique aussi d'aller faire de la recherche au moment de la crise pour faire parler les gens au moment de la crise de ce qui vient de se passer. Ils ont perdu leur voisin qui s'est fait embarquer par la coulée de boue. Et dites moi comment ça s'est passé ? Est ce que vous avez vu ? Donc il y a quand même des difficultés méthodologiques qui entourent en fait l'étude de ces moments particuliers. Mais il y a eu des tas d'études, des fois un peu décalées dans le temps, mais qui travaillent sur la mémoire et sur les récits. Et du coup, c'est vraiment cet élément-là, il est, il est déconstruit par l'approche scientifique. Deuxième chose, les victimes sont impuissantes. L'image de la victime qui a vraiment besoin des secours, elle prévaut notamment chez les professionnels des secours. Et moi je parle aussi pour moi. Je ne jette pas l'opprobre sur les autres. En tant qu'acteur humanitaire depuis 30 ans, le secteur humanitaire est traversé par la puissance de l'action de sauver. Et avec ça vient l'image de la victime impuissante. Ça c'est déconstruit à nouveau par les études. Alors j'ai plus en mémoire les chiffres exacts, mais je crois que selon les situations de tremblement de terre, on est entre 50 et 90 % des victimes qui sont sauvées par leur voisin. C'est pas anecdotique, c'est massif parce que c'est vraiment les premières heures où il faut aller secourir quelqu'un, sortir des décombres. Donc c'est, Et la personne qui fait ça, elle est elle-même victime, elle est sur la zone et c'est bien ça qui fait sa capacité d'action. Et troisième mythe à déconstruire, c'est les comportements déviants qui prévaleraient en temps de crise. Avec, on parle très souvent des pillages. Les pillages et c'est c'est largement repris du coup par par les médias, parce qu'il y a cette cette image là qui est, qui existe en fait dans notre imaginaire collectif. On a pu effectivement, comme le disait Pablo, aller discuter avec la personne dans la Roya qui a ouvert son magasin, donc les médias, on peut dire qu'il y a du pillage. Non, en fait il y avait juste des denrées alimentaires qui allaient se périmer, des besoins et du coup les commerçants qui avaient ouvert leurs magasins, je pense que sur l'ouragan Katrina il y a eu effectivement aussi des tas de. d'interprétations effectivement, qui allaient vers "c'est des pillages" etc. Le problème c'est que ça dévie du coup les ressources des secours et de l'administration vers la sécurisation plutôt que l'aide aux personnes. Et ça c'est un problème. Ce qui par contre a été documenté, c'est plutôt que les élites, là du coup on parle de la panique des élites. C'est à dire qu'en temps de crise, avec justement la déstructuration du système et de l'ordre, il peut y avoir une panique qui va être la panique des élites qui là vont avoir peur et vont avoir besoin de renforcer le contrôle de la population. Et ça pareil, c'est quelque chose qui est documenté et qui est récurrent dans plein de contextes. Donc si on a cet imaginaire-là individuellement et qu'il est encore renforcé, du coup, chez les professionnels, chez les secours qui travaillent, etc. Je dirais qu'une des premières choses, c'est déconstruire ça pour pouvoir améliorer l'articulation. On l'a pas dit en intro mais moi j'ai été frappée en fin d'année dernière, on est allés il y avait un colloque qui a été organisé notamment par l'AFPCNT et la Fondation de France, Sciences Po Paris, etc. À Paris sur la mobilisation citoyenne en temps de crise et en introduction, il y a eu une prise de parole du responsable du Secrétariat national pour la sécurité. Voilà, je ne me souviens plus de l'acronyme exact, mais qui a acté publiquement que face à l'augmentation des crises, en fait, les secours n'arriveraient pas à accompagner l'augmentation des besoins et qu'il fallait aujourd'hui compter sur la mobilisation citoyenne. Donc là, il y a quelque chose qui est en train de se passer, qui doit passer aussi par, du coup, un leadership, des prises de parole pour amener à une autre façon de voir les choses. Moi je suis assez persuadée que les on va parler process, protocoles, communication, etc. Mais tout ça peut se transformer s'il y a à la base une conception, une une compréhension différente du rôle potentiel et réel des citoyens en temps de crise. Donc ça c'est le premier point. Deuxième point, je pense qu'il faut aussi se dire que les contextes politiques et institutionnels font la différence sur la question de l'articulation entre entraide et secours et institutions. Déjà, première chose, on l'a constaté, c'est le vide institutionnel, soit temporaire parce que c'est une crise subite, soit plus long parce que les secours, parce que les institutions sont très faibles ou ne sont pas intéressées. Je pense par exemple au Tchad, c'est pas que l'Etat tchadien est faible, loin s'en faut, mais les services publics et les secours aux populations sont secondaires, notamment dans le quartier qu'on a étudié et du coup la communauté dont je vous parle, le Carré là, le quartier, ils ont été pendant trois semaines tout seuls à devoir retenir la digue. Donc ça crée ce vide institutionnel qui est donc soit temporaire, soit plus long, fait comme un appel d'air à l'entraide. C'est à dire que quand c'est la seule façon de s'en sortir, tout le monde se retrousse les manches et on y va quoi. L'arrivée des secours, la première rencontre, l'interface entre justement ce qui s'est passé, cette entraide primaire et la reprise, donc de l'administration, des services publics, etc. elle est critique. Elle peut déstructurer l'entraide. On peut et là à nouveau. Je vais plus parler de mon expérience humanitaire, des expériences que je connais mieux par exemple Ukraine ou Tchad où quand tout d'un coup les moyens arrivent, la force et la puissance d'action arrivent, elle peut juste diluer ou décourager en fait, ceux qui ont été de la première heure. Et ça, on le voit beaucoup en Ukraine où aujourd'hui le sujet Il y a un sujet de friction très fort entre les acteurs locaux qui ont été en première ligne depuis le début, qui portent le gros du secours aux personnes qui vont chercher les personnes vulnérables sur les lignes de front, qui les ramènent, qui qui organisent les premiers secours, l'hébergement, etc. Et puis quand tout d'un coup, il y a des acteurs humanitaires qui arrivent avec des centaines de milliers d'euros pour un programme et qui prennent place là où des gens sont là depuis le début et où il y a ce sentiment d'avoir vécu quelque chose ensemble, ça peut être très compliqué, c'est très difficile. Ca crée des tensions réelles. Mais c'est pas pour dire que du coup, il ne faut pas que les secours arrivent et qu'il ne faut pas qu'il y ait aussi de la relève parce qu'il y a besoin aussi de relève. Il y a besoin de travailler cette interface. On ne peut pas non plus imaginer miser 100 % sur l'entraide citoyenne, on en est bien conscient. Mais du coup, cette interface-là, ces premiers temps, la rencontre et surtout, comment est-ce qu'on va chercher complémentarité, soutien plutôt que remplacer et substituer ? C'est là que ça se joue. En Ukraine, ce dont ont beaucoup besoin les les volontaires, bien, c'est du soutien, c'est du soutien psychosocial. Mais dans le terme de les renforcer, de leur permettre de souffler, ils sont épuisés là, après trois ans, c'est épuisant. Ils ont besoin de trouver un statut pour mieux équilibrer. Parce que là, c'est une crise qui dure. En plus, c'est équilibrer vie personnelle et leur rôle. Du coup, en tant que volontaires donc, il y a besoin d'organisation. Dans d'autres cas, il y a des moyens qui viennent avec les secours. Enfin je veux dire, on ne peut pas espérer effectivement que dans ce carré à N'Djamena à chaque fois que le fleuve grandit, ils soient juste avec leurs leurs petits bras et à remplir des sacs de sable pour consolider la digue et que les mamans qui font la cuisine derrière elles se débrouillaient toutes seules. Donc il y a bien besoin aussi de de cette arrivée des secours, avec du matériel, avec d'autres types de moyens, etc. Mais voilà l'interface, la complémentarité et éviter la substitution, c'est vraiment un enjeu critique. Véro C'est ce qu'on avait à la Roya, qu'on avait appelé l'effet Cow-Boy, et c'est un témoignage qu'on avait eu. Les secours, ils arrivaient, les gens s'étaient débrouillés en deux jours, mais ils avaient tout fait. Il y’avait rien et les secours arrivaient en mode allez, poussez vous, c'est nous les pro On va vous expliquer. Et là c'est c'est très contreproductif parce que les gens ont... Ceux qui arrivent n'ont pas vécu, ils n'ont pas l'identité partagée et ça casse vraiment beaucoup plus que l'ambiance quoi. Alors, quelques facteurs favorables ou défavorables à la qualité de l'articulation, alors, un facteur hyper favorable, c'est l'ennemi commun. Alors là, on est tous, on est tous ensemble, que ce soit autorités, secours professionnels, population. Et ça, c'est l'exemple de l'Ukraine. L'exemple de l'Ukraine, c'est vraiment et c'est cultivé même. Du coup, cette mobilisation collective, je sais pas si vous avez entendu, mais Zelensky il remercie les volontaires, la jeunesse, la société civile, etc. Donc il y a de la reconnaissance, ça fait partie du dispositif de résistance quoi. Et cet ennemi commun, en fait, quand il est clairement identifié, eh bien cette membrane qui fait qu'on est un groupe ensemble, elle devient très, très forte et le groupe, il peut être secours et population mixés. Une catastrophe naturelle ça peut aussi du coup dans les premiers temps, parce que les catastrophes naturelles n'existent pas, ce sont des catastrophes socio-naturelles. On est bien d'accord, il y a des aléas sur des vulnérabilités et donc dès qu'on commence à sortir du premier temps de la crise et à analyser pourquoi c'est forcément les plus pauvres qui étaient forcément, qui habitaient le long du fleuve, qui se sont fait Et donc ça fait sortir des enjeux politiques, etc. Donc là, ça peut à nouveau cristalliser des tensions. Mais dans un premier temps, l'aléa naturel peut créer aussi cette espèce de "eensemble. on est unis contre l'adversité" et ça c'est vraiment extrêmement fort. En revanche, le cas de Briançon où on est depuis 2015, donc ça fait dix ans que la société civile avec des organisations, des ONGs, se mobilisent pour tenter de pallier l'inaction si je suis gentille, voire vraiment la lutte contre l'entrée et du coup même contre la solidarité, contre les actes de solidarité, là du coup, vous comprenez bien que l'articulation entre les services étatiques et l'entraide citoyenne, elle est non seulement inexistante, mais c'est même plutôt en fait, il y a une guerre qui est faite aux solidaires sur le contexte briançonnais. Pablo en a parlé déjà, mais effectivement, la question de la confiance envers les institutions c'est un facteur favorable pour travailler les interfaces en fait, et je dirais la confiance, ça vient pas de nulle part. Donc la connaissance mutuelle, ces enjeux-là, en fait, permettent vraiment de travailler l'interface. Et si vous voulez lire l'étude de cas Australie. Là elle est vraiment très intéressante parce qu'en Australie, avec ce que je vous disais là, les différentes crises par lesquelles ils sont passés, notamment dans cette zone du Greater UK où l'étude a été conduite, ces communautés qui se sont retrouvées isolées plusieurs jours pour certaines semaines, avec des conditions vraiment extrêmes, qui ont même aidé les pompiers à certains moments, ils étaient tellement débordés que c'est la population Et bien là, il y a tout un travail qui est en train de se faire avec des groupes de résilience locaux, communautaires, une approche communautaire de la gestion des risques et où ils travaillent l'interface. Donc ils font des choses ensemble avec les pompiers, avec les responsables et les élus, les services publics, etc. Ils font des exercices. Ils ont même travaillé sur des protocoles. La prochaine fois, comment est ce qu'on communique donc des radios VHF prépositionnées dans certains lieux isolés pour pouvoir communiquer ? Donc Voilà, la confiance envers les institutions, évidemment, favorise l'interface entre l'entraide et les secours. Oui, je pense, c'est bon. Et inversement la défiance envers les institutions est un facteur défavorable pour l'interface entre les secours professionnels et l'entraide. Il y avait quelqu'un qui semblait connaître Valence. Oui, voilà. Et là, on est dans un cas d'école, je dirais effectivement de défiance totale vis à vis des institutions. De défaillance institutionnelle, avec un refus de lancer l'alerte qui a du coup conduit à la catastrophe qu'on a vu sur dont on a vu les images et aujourd'hui avec du coup toute une mobilisation citoyenne pour demander des comptes. Et donc là, il y a eu vraiment de la défiance et du coup des interfaces très compliquées entre l'entraide citoyenne et les institutions. C'est des problèmes de gouvernance qui peuvent arriver en temps de crise en particulier et qui peuvent du coup créer des tensions fortes. Après d'autres. Les cadres opérationnels sont quand même très différents. Concrètement, il y a des questions de vocabulaire, de langage, de procédures. Je vais tout défiler qui font que le mariage est quand même un peu compliqué entre eux, finalement, quelque chose qui est organique, qui émerge. On parle d'ailleurs dans la littérature de groupes émergents en temps de crise, des choses qui n'existaient pas. Et la crise fait qu'il y a tout d'un coup des groupes qui vont se former, des inter-relations se créent, etc. Donc c'est quelque chose qui est, comme tu disais, un animal sauvage quoi. Quelque chose qui est très difficile à capturer, à prévoir, à dompter, je dirais, même, versus le système, avec des protocoles hyper normés et cadrés, écrits, où tout est noté, la gestion de crise, donc tout est mis dans des registres, etc. Donc c'est effectivement des langages, des modes de fonctionnement qui sont, je dirais par nature, un peu comme l'huile et l'eau, difficiles à marier. Donc à nouveau, c'est pour ça, c'est la question de l'interface, c'est pas d'intégrer l'entraide dans des dispositifs publics, le sujet, mais c'est de travailler des interfaces. Où est ce qu'on peut apprendre à mieux communiquer, à mieux se connaître, à échanger de l'information, éventuellement des moyens, ce genre de choses ? C'est vrai aussi dans le système de l'aide internationale. C'est la même histoire, c'est à dire que le système de l'aide internationale, il est très verticalisé avec des procédures qui maintenant sont hyper rodées, ce qui lui donne un certain type d'efficacité, un certain type d'efficacité je dirais, qui est questionné aujourd'hui par rapport à justement ce qui émerge en temps de crise. Mais le mariage est extrêmement compliqué. Il y a des procédures, il y a un vocabulaire qui sont des tickets d'entrée impossibles pour les acteurs extérieurs au système et je pense qu'on peut utiliser un peu C'est la même chose qu'on constate dans les dispositifs sur le territoire national avec des modes d'organisation, des vocabulaires très très différents. La question des assurances, ça, c'est c'est quand même un vrai sujet. Dès lors que des secours et des services publics commencent à réfléchir à comment articuler aide et entraide, il y a tout de suite la question de la responsabilité et qu'est ce qui se passe en cas, par exemple, de quelqu'un qui se blesse en voulant aider et qui avait plus ou moins été intégré du coup aux dispositifs qui avait été encouragé ou guidé, réorienté vers telle ou telle chose ? En Australie, ils sont en train de négocier un dispositif pour avoir un cadre légal, pour que les volontaires en temps de crise puissent avoir une assurance qui soit facile à prendre et qui quand même couvre couvre la prise de risque. Je crois qu'au Japon, il y a le dispositif déjà qui est prévu et qui permet aux volontaires Au Japon en plus, ils ont mis en place la Maison des volontaires au niveau municipal qui hors état de crise, permet par exemple à un jeune retraité de venir dire qu'il a du temps pour aider aux devoirs des enfants, etc. Donc c'est là que se passe en fait la gestion de l'offre et de la demande de bénévolat en fait, au niveau municipal. Et en temps de crise, ça devient les centres de volontaires. C'est là que les volontaires arrivent et qu'il y a une interface qui se crée avec les besoins et les services municipaux pour réorienter en disant oui, là on a besoin de dégager, voilà des pelles, des pioches, etc. Et du coup, dans leur dispositif, il y a aussi la prise en compte des assurances avec un statut particulier pour assurer les volontaires. Et c'est vrai que cette question des assurances, elle ressort très régulièrement. C'est déjà le cas aujourd'hui en France Il y a un statut qui existe qui est le statut de collaborateur occasionnel du service public qui couvre tous les collaborateurs non-salariés non-élus qui interviennent au profit de la collectivité. Et du coup, quelle démarche il faut faire pour ? C'est automatiquement intégré dans les assurances des collectivités Qui a été créé par le juge administratif . Ah bah ça je prendrai plus d'informations Ah ok ok. C'est de la vieille jurisprudence qui dit que spontanément, si on intervient pour faire un acte de bravoure la personne de fait devient collaborateur occasionnel de l'administration et est pris en charge par les assurances statutaires de la collectivité. En tout cas par la collectivité s'il y a pas d'assurance. Je prends toutes les références juste après. C'est juste qu'il faut que pour la collectivité on encadre les bénévoles. Oui parce que si les bénévoles font des bêtises, provoquent des dégâts, un avocat qui les défend pas trop mal, il le fait rapidement Passer du côté assurance de la collectivité. Oui oui, d'accord. D'accord. Oui, oui. C'est ce qui est, Ce qui est, Ce qui est bien. Ce qui devient un enjeu du coup, ouais, c'est pour ça qu'ils doivent être recensés, pour que sinon ça ne marchera pas. Si il n'y a pas d'encadrement, de recensement. C'est l'intérêt des réserves. de sécurité civile. Oui, mais là on n'est pas sur de l'entraide spontanée, non ? Oui, oui, oui, tout à fait. Après on l'a pas encore, bon la carte, la carte. Il fallait que je trouve quelque chose. Il était minuit hier soir. Sur l'îlot de la cuisine. Donc c'est juste pour dire qu'effectivement il y a quand même une question d'échelle géographique. Vous en avez parlé tout à l'heure Et on est tous en interdépendance, même effectivement, une zone qui est touchée par une crise, à un moment, elle va devoir dépendre d'autres niveaux. Mais ce que je voulais juste, parce que ça va être l'heure, Ce que je voulais juste souligner ici, c'était l'importance du niveau local et le niveau municipal. Mais ça, ça semble évident de le dire ici aujourd'hui. Ca l'est beaucoup moins quand on parle à des niveaux nationaux, au niveau national ou dans le secteur de l'aide internationale au niveau international, où on a l'impression qu'en fait les choses se décident et doivent se décider ailleurs, alors que tout, en tout cas toute l'articulation, la gestion de crise en général et l'articulation avec l'entraide, elle se joue vraiment au niveau au niveau municipal. Je file parce que du coup j'ai débordé. Voilà, juste ça c'était le petit exercice de La Rochelle. Non, je crois que c'est c'est mon dernier point, mais c'était juste pour dire quand même l'importance de tout ce qui est apprentissage et préparation. T'en as parlé. Donc à la fois au sein de communautés, mais ensemble aussi, entre acteurs institués et citoyens, habitants. En fait, je pense que l'exercice qu'on a fait à La Rochelle était très intéressant. Je pense qu'il faut qu'il soit démultiplié dans d'autres territoires, faire intervenir et vraiment travailler avec les citoyens la préparation à la gestion de crise, ça je pense que c'est absolument essentiel. Les retours d'expérience, ça, c'est une volonté qu'on a de pouvoir aussi apprendre. Il y a des RETEX qui se font, des retours d'expérience qui se font après chaque événement dans les secours. Je pense que ce serait vraiment important qu'aujourd'hui il puisse y avoir au moins une représentation citoyenne, voire des groupes qui ont joué un rôle clé, qui participent aussi à l'apprentissage. Et ces retours d'expérience, notamment, là, on le voit sur l'Australie, en fait, des crises récurrentes augmentent la courbe d'apprentissage. Et si on prend le temps effectivement de tirer les enseignements et de les transformer en capital de connaissances, quoi. Et puis la connaissance mutuelle mais même interindividuelle en fait. Donc faire des choses ensemble, c'est la meilleure façon de se connaître. Vivre des choses ensemble, c'est la meilleure façon du coup d'avoir confiance dans l'autre. Et le jour où la crise arrive, eh bien si il y a quelques personnes dans des groupes, des quartiers, des associations, des collectifs qui connaissent au sein de la municipalité, qui est en charge de la logistique, qui fait quoi ? Quels sont les points de contact? Et qu'il y a déjà des exercices qui ont été fait ensemble et de la connaissance mutuelle, ça, c'est vraiment l'huile dans les rouages, quoi. L'Australie travaille beaucoup là-dessus, sur aussi faire des choses ensemble et se connaître au niveau individuel. Et puis. Ah oui, ça c'était alors on l'a vu pas dans toutes toutes les études de cas, mais c'est sorti très fort dans la Roya, ça sort dans le cadre de l'Ukraine. L'importance de la reconnaissance. En général, les professionnels, les secours à la fin d'une situation difficile, il y a, il y a un temps aussi, après le retour d'expérience où on rend grâce, où on reconnaît le travail des uns et des autres. À la Roya, ça s'est fait naturellement et aucune personne n'a pensé ou a imaginé que ça pouvait être utile de reconnaître l'implication de tel collectif qui pourtant, depuis le début, s’est décarcassé pour la collectivité. Jamais un mot, une reconnaissance. À la limite, si personne était reconnu, si il y avait eu des médailles pour personne, ni de petit mot pour personne, je pense que ça créerait pas de jalousies parce que personne ne fait ça pour la médaille. Mais quand il y a des médailles pour des gens qui en fait sont venus genre quinze jours alors que les autres ils ont crapahuté dans la boue pendant trois mois et que la médaille va à celui qui est venu pendant quinze jours parce qu'il représente telle ou telle institution et qu'il n'y a pas un mot pour les citoyens, les mouvements et les collectifs qui là, nous, on l'a entendu très, très, très, très, très, très souvent. Et ça, on sent qu'en Ukraine, par exemple, ils font attention de bien mettre en lumière, de reconnaître, de valoriser le travail. Et là je pense qu'il y a quelque chose qui se joue, qui n'est pas essentiel le premier temps de la crise mais pareil, si on veut mettre de l'huile dans les rouages et prendre soin de l'interface, ça peut passer aussi par ça. Je crois que c'était tout. Oui, et pour les autres crises! Parce que si on maintient un climat de défiance, il y a une mauvaise reconnaissance, les crises suivantes vont être plus difficiles. Là c’était pour compléter le schéma. Tout à l'heure, on a vu qu'il y avait beaucoup d'entraide. On a remarqué aussi que les habitants aident les secours. Donc le schéma, il va se compliquer petit à petit. Et c'est là que c'est intéressant, c'est que les secours peuvent empêcher l'entraide. L'aide populaire qui arrive, elle peut empêcher le fonctionnement des secours et les habitants peuvent aussi empêcher le bon fonctionnement des secours. On voit que c'est quand même plus compliqué et aussi qu'il y a de l'entraide entre professionnels dans une situation dégradée d'improvisation. Vous souvenez l'entraide entre strates? La strate des secours, à la Roya en tout cas, ils ont galéré, donc ils se sont entraidés aussi. L'entraide, elle est partout. Vous voyez que la situation est quand même bien complexe et il y a beaucoup de beaucoup de points, beaucoup d'angles morts. Alors là, on va passer aux ateliers, on est encore en pleine phase d'analyse, donc on ne va pas vous vous dérouler plein de recommandations, on en a en réserve, on pourra en parler, mais ce qu'on avait envie, c'est que, avec le bon sens, avec votre expérience, vous vous sentez venir déjà des recommandations. Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour améliorer les choses ? Avancer dans ces ateliers et dans la vie en général avec cette grille de lecture, c'est ce qui nous aide à avancer pour l'instant. Le avant, pendant et après la crise, c'est trois temps très différents qualitativement, Qu'est ce qu'on peut faire ? Et en fonction de là où on est ? Pour les habitants, ceux qui ne sont pas du tout impliqués dans la gestion de crise ou même qui ont pas envie de s'impliquer, Il y a les gens qui ont envie de s'impliquer et d'autres qui n'ont pas envie. Il y a des associations qui n'ont rien à voir avec la gestion de crise, mais qui sont déjà des liens sociaux structurés: Les clubs de foot et tout ça, c'est hyper important. Comment on peut les impliquer, etc? Et tous les services de secours, mais ça inclut les associations aussi spécialistes des secours et les collectivités. Et en fonction de chaque point de vue, il y aura des recommandations différentes suivant qu'on est avant, pendant et après la crise. Voilà un petit schéma simple qui permet de bien clarifier aussi là où on veut aller et là où vous êtes. Merci de votre attention. C'était la première phase.