L'entretien
Bonjour Hillary ! Peux-tu te présenter ?
Je suis une athlète franco-américaine spécialisée dans le trail et les défis en alpinisme et ski-alpinisme. Je suis aussi engagée dans des causes comme l’inclusivité en montagne et l’environnement. J’avoue que je reste grenobloise de cœur parce que quand je me suis installée en France, c’était d’abord à Grenoble, au pied de la Bastille. J’y ai vécu sept ans et c’est une ville qui m’a permis de découvrir la montagne. Et les Rencontres Ciné Montagne, c’est un événement dont je me souviens dès mes premières années à Grenoble. Donc j’ai plein de super souvenirs !
Comment concilies-tu ta carrière d’athlète avec ton engagement écologique ?
Je pense qu’en tant qu’athlète, c’est assez compliqué, parce qu’on vit une dissonance [ … ] entre notre envie d’être performante, de rivaliser avec d’autres athlètes à l’échelle internationale et nos convictions, notre compréhension des limites planétaires. Ça crée beaucoup de tensions pour nous. Il faut d’abord accepter qu’on n’est pas parfait — personne ne l’est — et agir quand même. L’engagement, c’est pour tout le monde. En tant qu’athlète, je pense qu’on a justement une responsabilité de s’engager et de partager avec notre public.
Personnellement, j’ai beaucoup changé mon approche ces dernières années. Je réfléchis davantage aux choix que je fais : quelles compétitions je choisis, comment je m’y rends, combien de temps je reste sur place... J’ai évolué. Je pense à la fois à mon bilan carbone, mais aussi à ce qu’on appelle mon ombre climatique — c’est-à-dire l’impact positif que je peux avoir. J’essaie de limiter mon empreinte là où je peux, mais aussi d’avoir un effet positif : en travaillant sur la sensibilisation du grand public, avec mes sponsors, pour faire évoluer les modes de production, de distribution, ou encore la durabilité.
Ton engagement a-t-il un impact sur tes performances et ton entraînement ?
Ce n’est pas toujours facile de trouver le juste équilibre entre l’engagement et la vie d’athlète. Il faut quand même protéger son temps pour s’entraîner et se reposer. Donc c’est un challenge permanent pour moi, à vrai dire. Mais ce que je vois, c’est qu’on a besoin de plus d’athlètes engagés. Parce que comme ça, ce n’est pas toujours moi qui dois répondre à ces demandes.
Peux-tu nous parler de ton engagement pour rendre la montagne accessible à toutes et tous ?
Je sais que la montagne m’apporte énormément. C’est un endroit où je peux me dépasser, un endroit où je peux m’émerveiller de tout ce qu’il y a autour. Aller en montagne, c’est quelque chose de très important pour moi, et je veux que tout le monde puisse y avoir accès. Je suis aussi la marraine de l’association « En Passant par la Montagne ». On accompagne en montagne des personnes qui, autrement, n’y auraient pas accès, pour leur faire découvrir cet environnement, les sensibiliser, leur permettre de se dépasser et de vivre toutes ces
émotions.
Que représentent pour toi les Rencontres Ciné Montagne ?
Les Rencontres Ciné Montagne représentent pour moi une vitrine de toutes les pratiques possibles en montagne. C’est un événement qui permet de découvrir ce que font les autres, de s’inspirer, de se questionner, de se sentir humble devant des paysages magnifiques, et aussi de découvrir autre chose, de se poser des questions sur sa propre vie et sur ce qui donne envie.