Eric Piolle dans un parc.
© Sylvain Frappat

Eric Piolle : «Les droits fondamentaux peuvent régresser partout, à tout moment, et très vite.»

Solidarités

Par La Rédaction, publié le 28 févr. 2025

Article

Ce numéro a pour thème principal le logement. N’exclure personne du logement, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Cela signifie créer du logement social, encore et toujours. Aujourd’hui, seul un demandeur sur cinq obtient un logement social. Nous prévoyons une part de logement social dans toutes nos opérations d’urbanisme, notamment à Bouchayer-Viallet, à la Presqu’île et dans le quartier Flaubert, pour favoriser la mixité sociale de ces nouveaux quartiers.

Par ailleurs, nous rénovons l’existant dans les quartiers de La Villeneuve et du Village Olympique, avec une vision de long terme dans le choix des matériaux et des isolants. Nous prévenons aussi le mal-logement : le permis de louer que nous avons institué s’inscrit dans cette logique en chassant du marché les habitats insalubres. L’encadrement des loyers qui est désormais en place permet quant à lui de limiter les abus constatés concernant certains loyers très élevés.

La ville et le CCAS s’engagent aussi au quotidien contre la précarité énergétique et en proposant des aides aux locataires et propriétaires en difficulté. Et parce que trop de personnes, en particulier des familles avec enfants, se trouvent en situation de rue, nous complétons les dispositifs insuffisants de l’État en finançant 340 places de logement d’urgence supplémentaires dont 100 sont en cours de déploiement.

La bibliothèque sportive Chantal-Mauduit a subi un grave incendie la nuit du 18 au 19 février. Quel a été votre sentiment ?

Nous avions inauguré il y a à peine deux mois cet équipement sportif et culturel, ce lieu de partage pour toutes et pour tous près de deux écoles, au carrefour de deux quartiers, Mistral et les Eaux-Claires.

Quand nous avons appris cette attaque, cet incendie, le sentiment qui a prédominé était l’écœurement. Mettre à mal une bibliothèque, c’est menacer le service public, c’est intimider toutes celles et ceux qui fréquentent, qui font vivre ce lieu d’émancipation. C’est aux agentes et agents de l’équipement, aux associations, aux habitant-es de ces quartiers que je pense, ainsi qu’aux secours et aux services municipaux qui se sont immédiatement mobilisés.

En rendant inutilisable cet équipement, c’est aux habitantes et habitants que les auteurs de cet acte criminel s’en sont pris. J’ai été ému d’entendre les réactions des riverain-es. Ils s’étaient déjà approprié le lieu. Un rassemblement spontané s’est d’ailleurs réuni le lendemain devant le bâtiment. Nous mettons tout en œuvre pour garantir la continuité de ce service public essentiel.

La place des femmes sera aussi au cœur de ce printemps, n’est-ce pas ?

Mars est un mois traditionnellement lié aux droits des femmes. Jusqu’au 20 avril, la Maison internationale de Grenoble a choisi de focaliser son attention sur l’Afghanistan, où la moitié de la population est tout simplement effacée et silenciée en raison de son genre. Nous projetons aussi d’inaugurer prochainement une place à la mémoire de Mahsa Amini, morte en Iran sous les coups des policiers pour avoir porté son voile de façon non conforme.

Ces faits lointains ne doivent pas nous faire oublier que les droits fondamentaux peuvent régresser partout, à tout moment, et très vite. Le Printemps du Livre lui-même valorisera divers auteurs et autrices comme Lola Lafon, Maylis de Kerangal et Titiou Lecoq. Nous valoriserons enfin pendant tout le mois de mars la présence des femmes dans l’espace public, en attendant l’ouverture en juin prochain de la bibliothèque Gisèle-Halimi place Saint-Bruno.