« C’est la photo qui est venue vers moi, je n’ai jamais souhaité être photographe ». Fasky, photographe burkinabé, se présente comme un « photogrActiviste », néologisme qu’il porte fièrement tel un flambeau. Son objectif : faire en sorte que les enfants des déplacés internes racontent leur propre histoire à travers la photographie. Il se situe entre revendiquer et trouver des solutions par la photographie, l’apport personnel de ses sujets, leur regard.
Ce projet, qu’il qualifie « d’humain ». Fasky le porte au-delà de sa ville, Bobo-Dioulasso. À travers le Photot’Âge Lab, projet interculturel entre Bobo-Dioulasso, Bamako et Grenoble, il initie dix jeunes burkinabés à la photographie. « Personne ne peut raconter leur histoire à leur place ». Cette initiative leur offre la possibilité de manier, de manipuler et de figer ce qui les entoure, ce qu’ils veulent montrer. A travers ces clichés, ce sont la joie et la gaieté qui s’expriment, en contraste avec l’atmosphère de crise dans laquelle ils vivent.
Face à l’avancée du terrorisme djihadiste en Afrique, et en particulier au Burkina Faso, plusieurs villages du nord du pays subissent en effet l’invasion peu ou prou régulière de groupes armés.
Ces histoires à raconter se dessinent derrière les clichés pris par les élèves. Le résultat impressionne. Ainsi, Yassine, 1er prix du concours de photographie de Faso Tourisme 2025. Ce prix s’inscrit dans ce que le photographe appelle la « culture par la photographie », qui porte l’ambition de la valorisation de cet art, pour en faire le porte-flambeau d’une culture burkinabé internationalisée pour devenir africaine, voire mondiale.
Une réponse créative à la crise djihadiste
Les sujets dont traite l’art de Fasky peuvent être délicats : terrorisme, déplacement interne, vulnérabilités individuelles et communautaires. Dans ce cadre, bien que régulièrement appelé à rencontrer les autorités politiques ou culturelles de son pays, Fasky lutte contre toute récupération politique. A ce propos, il dira « arrivé à un moment, on devient des solutionneurs. On a revendiqué beaucoup de choses, aujourd’hui on doit solutionner » !
Et pour lui, la photographie y contribue grandement lorsqu’il affirme que « photographier, pour exposer les situations et les problèmes contribue à susciter des solutions ».
Humain, espoir, courage
En pleine crise du coronavirus, Fasky participe à la réalisation de l’exposition « Les carnets confinements », projet porté par un collectif d’artistes photographes franco-burkinabés qui projettent les réalités vécues durant la période de confinement en France et de couvre-feu au Burkina-Faso.
Grâce à ce projet, Fasky fait la rencontre de Gilles Galoyer, photographe grenoblois très expérimenté. Au-delà des opportunités professionnelles de cette rencontre, « c’est aussi une histoire personnelle. On se comprend à demi-mot et c’est l’aventure aussi qui nous lie », confie Gilles. Lorsqu’il en parle, Fasky dit « on a le même regard, le partage, le don de soi qui nous lie ».
Ce lien est si fort que lorsqu’il décrit les projets qu’ils portent à deux, Fasky évoque trois mots : « Humain, espoir, courage ».
Informations complémentaires
Maison Internationale Grenoble
rue Hector Berlioz 38000 Grenoble
Durée
Exposition Photot’Âge, jusqu’au 18 décembre
Maison Internationale Grenoble
l’agenda associé
- du Lundi 6 octobre au Jeudi 18 décembre
Maison Internationale Grenoble
Exposition
