Rien ne prédestinait la physicienne Fairouz Malek à s'installer à Grenoble. Et c'est pourtant ici qu'elle s'engage pleinement au quotidien pour l'égalité femmes-hommes. Un combat qu'elle mène depuis sa plus tendre enfance, à Alger, où elle est née en 1964. Cela grâce à un environnement familial qui l'éduque à «l'ouverture d'esprit».
Elle raconte que la mouvance était d'ailleurs d'aller de l'avant, ensemble, femmes et hommes, pour bâtir une nation de progrès
.
Désenchantement
Après son diplôme d'études supérieures en physique option subatomique à l'Université des sciences d'Alger, Fairouz n'avait qu'un objectif : continuer ses études à l'étranger. Elle dépose des dossiers de candidature pour plusieurs DEA (Diplôme d'études approfondies), dont celui de Grenoble qu'elle intègre en 1988.
À 22 ans, elle rejoint ainsi le Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie (anciennement Institut des sciences nucléaires) au sein du Polygone scientifique. Au fil du temps, la jeune femme apprend à découvrir Grenoble et plus généralement les Français-es, leurs mœurs et leur culture.
«En Algérie, il y avait une prédomination de la religion et l'égalité n'était pas parfaite. J'attendais donc de la France une ouverture d'esprit énorme. Mais ce n'était pas le cas. Et ce, notamment dans mon domaine, la science.» Fairouz constate en effet que «sur les 230 personnes qui travaillaient dans mon laboratoire, seules quatre d'entre elles étaient des femmes».
La naissance de Parité Sciences
Après sa troisième année de thèse, Fairouz rejoint le CNRS en 1991. Là encore, elle fait des constats alarmants. J'assiste à des réunions où les différences de traitement entre les femmes et les hommes scientifiques sont notables. Nous n'étions pas prises au sérieux.
La coupe est pleine. Fairouz sent qu'elle doit passer à l'action.
Elle décide donc de cofonder en 2002 l'association Parité dans les Métiers Scientifiques et Techniques (APMST), qui deviendra Parité Sciences en 2018. L'objectif ? Promouvoir les sciences et les techniques notamment auprès des filles et défendre les droits à l'égalité dans le milieu scientifique.
Après 30 ans de carrière au CNRS, Fairouz continue aujourd'hui à s'engager au sein du mouvement. Il faut encore ferrailler dur, notamment parce qu'après tout, rien n'a vraiment bougé. Le progrès dans ce domaine laisse à désirer.
Alors Fairouz redouble de créativité. En 2021, elle a coordonné l'exposition La Science taille XXelles. Ce projet créé par le CNRS et l'association Femmes & Sciences distingue 21 chercheuses, enseignantes, ingénieures et techniciennes issues de diverses disciplines scientifiques. Un hommage aux femmes de sciences d'aujourd'hui, pour inspirer celles de demain.
à lire en complément
Culture
Culture