Ibrahima Coulibaly pose avec son ouvrage dans une librairie solidaire.
© Auriane Poillet

Ibrahima Coulibaly, contre toute attente

Quatre ans. C’est l’âge qu’a Ibrahima Coulibaly lorsque sa mère quitte le Sénégal pour la France. Le début d’un long parcours de manque et d’exil.

Culture

Par Auriane Poillet, publié le 24 avr. 2025

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Sur le continent africain, la langue française était le lien qui me reliait à ma mère, explique le Grenoblois de 41 ans. Pour nourrir son intérêt pour les mots, son père lui ramène des livres lors de ses déplacements à Dakar. Un jour de l’année 2010, il décide de rejoindre la France, dont l’image qu’il s’est forgée est idéale. Trop ?

Je me suis heurté à une violence incroyable. Commence alors un combat pour sa régularisation, ponctué de rencontres formidables, de véritables soutiens. À Grenoble, il construit une famille avec sa femme et ses quatre enfants. Et s’investit dans l’associatif, à l’Apardap, d’abord, puis à Bouquins sans frontières dont il est un temps président et où il est toujours bénévole.

J’ai malgré tout essayé de vivre. Cela m’a permis de croire en l’avenir. C’est en 2019 qu’il obtient officiellement le droit de vivre en France. Et c’est en 2024, trente-sept ans après, que Ibrahima Coulibaly fait la paix avec ses maux lors de la sortie de son livre L’Attente, sous le pseudo Dara Keba, son surnom de petit garçon. Cette introspection était nécessaire et fondamentale. J’ai traversé des moments de turbulence, des phases de doutes mais je voulais que cela finisse bien. Avec ce livre, j’ai bouclé la boucle.