Portrait de Yves Monnier.
© Sylvain Frappat

Yves Monnier : la nature à l'oeuvre

Yves Monnier interroge notre environnement sur un mode artistique et participatif. Pour cela, il crée des pochoirs atmosphériques où la nature contribue (elle aussi !) à la constitution de l’œuvre. Une technique qui donne naissance à des œuvres originales, et qu’il partage régulièrement avec les élèves de Grenoble.

Culture

Par Annabel Brot, publié le 25 avr. 2025

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Photos, sculptures, gravures, installations en extérieur : depuis une vingtaine d’années, le plasticien Yves Monnier se frotte à différentes pratiques. Son fil rouge : La perception du paysage, pour inviter à le regarder différemment et ouvrir sur une autre temporalité qui n’est pas humaine mais nous relie à lui.

Cette approche s’est peu à peu recentrée sur le rapport à l’air, tandis que j’éprouvais l’envie de matérialiser les images, de les remettre dans le réel pour confronter l’imaginaire au concret . Pour cela, il s’appuie sur une technique singulière : Des pochoirs sont installés en extérieur puis c’est la nature qui opère, marque le support et contribue à la création de l’oeuvre puisque toutes les particules présentes dans l’air se déposent pour révéler l’image.

Paysages contemporains

On a pu découvrir ce travail insolite et inspiré avec l’expo Strates au musée de Grenoble en février. Celle-ci s’inscrivait dans une démarche plus large sur le thème de l’environnement faisant dialoguer arts et sciences pour questionner le rapport sensible à l’air et la création du paysage contemporain par les activités humaines dans différents milieux : sur les Grands Boulevards de Grenoble, au sud de l’agglo, dans le massif de Belledonne, sur les falaises du Vercors…

L’image rend visible ce qu’on respire. Elle interroge et invite au dialogue. Les temps de création plastique ont ainsi été l’occasion de récolter la parole des habitant-es de ces territoires pour un récit filmé intitulé Météores.

Dans le même esprit, Yves Monnier travaille sur Hors-Saison dans la ville de Galliano en Louisiane : un projet engagé sur l’évolution des paysages en lien avec la montée des eaux due aux bouleversements climatiques, qui condamne cette région à bientôt disparaître . Là encore, la pratique artistique sollicite la participation des habitant-es.

Partage d’expérience

Ces travaux donnent lieu à des actions de médiation avec des scolaires. Intervenir avec les enfants est pour moi une évidence. J’ai un pied dans l’éducation populaire depuis longtemps puisque j’ai été animateur dès le lycée puis durant mes études aux Beaux-Arts de Grenoble. De 2023 à 2026, il intervient auprès d’élèves grenoblois-es de cycle 3 pour un projet d’éducation artistique et culturelle s’échelonnant sur un trimestre.

Au programme : découvrir, observer mais aussi produire des oeuvres originales. Avec l’école de la Bajatière, des pochoirs atmosphériques sur le quartier ont été réalisés.
Pour sensibiliser au patrimoine grenoblois, et notamment aux oeuvres de l’espace public, un travail est mené autour des sculptures du parc Paul-Mistral avec les écoles Simone-Lagrange et Ampère.

Du côté du Jardin de Ville, les élèves se sont inspiré-es des Vaches de Monsieur Yoshizawa, une série de portraits illustrant les conséquences de la catastrophe de Fukushima qu’Yves Monnier développe depuis 2014. Ses travaux et ceux des enfants seront exposés à la bibliothèque du Jardin de Ville en juin.