Des gens discutent sur la terrasse végétalisée du bar radis.
© Sylvain Frappat

L’alimentation au cœur de la vi(ll)e

«Que ton alimentation soit ta meilleure médecine.» Alors que l’affirmation d’Hippocrate, médecin de la Grèce antique, a été scientifiquement validée, l’accès à une nourriture saine, sûre et durable est devenu de plus en plus complexe. Sécurité sociale de l’alimentation, fermes urbaines et potagers partagés, menu végétal et bio dans les cantines scolaires, paniers solidaires… À Grenoble, les initiatives fusent pour rétablir l’équilibre et recréer une «chaîne alimentaire» qui remette, à toutes et à tous, du baume au cœur et au corps…

Société

Par Isabelle Ambregna, publié le 28 août 2025

Article

Contribuer à la Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) ? Lorsqu’elle a aperçu, tout près de chez elle, dans le quartier Saint-Bruno, la petite affiche annonçant le lancement du projet citoyen, Nathalie, 42 ans, mariée et jeune maman de deux enfants de 7 et 3 ans, n’a pas hésité.

La mise en place de la caisse solidaire grenobloise a tout de suite résonné avec nos valeurs de partage, notre sensibilité aux questions environnementales et agricoles, et notre envie de relocaliser une alimentation de qualité ; nous étions déjà sur un choix de nourriture locale et sans pesticides, on ne regarde pas le budget alimentation, explique la mère de famille salariée d’une légumerie iséroise, qui voit dans la SSA un souffle positif qui englobe tout le monde.

À savoir, le droit pour toutes et tous de bien manger et la rémunération au juste prix pour les producteurs locaux. Comme elle, une soixantaine de Grenoblois-es volontaires se sont engagé-es, depuis le 1er juillet (date du lancement de la SSA) dans le projet citoyen : Nous testons les modalités du logiciel en ligne qui permet d’alimenter la caisse, précise Nathalie. Le montant de notre contribution est libre. Nous avons, par exemple, versé 100 euros en juillet, 200 en août pour faire nos courses dans les sept lieux conventionnés, à savoir des marchés de producteurs et productrices et magasins bios en ville.

Le bio, marqueur d’une alimentation saine

Instaurer une alimentation saine, sûre, durable et accessible à toutes et tous, passe par la solidarité, la lutte contre le gaspillage alimentaire, la sobriété énergétique, la restauration collective, la sensibilisation à la transition, jusqu’à l’eau et à la terre, qui sont des biens communs.

Complexe, le chantier porte ses fruits. Dans les cantines scolaires, 50% des composantes des repas sont désormais bio et/ou locales. La raison ? Faire appel au local et/ou au bio est un soutien aux filières de proximité, et l’agriculture biologique un marqueur d’une alimentation saine.

À cela s’ajoutent plusieurs actions : les tout-petits sont sensibilisés aux produits de saison, la proposition végétarienne est désormais au menu des cantines une à deux fois par semaine, les cuisiniers et cuisinières sont formé-es à la cuisine végétarienne, la cuisine centrale a recours à la coopérative Mangez Bio Isère, à la légumerie locale AB Pluche et à sa conserverie de légumineuses… et lutte contre le gaspillage alimentaire – par des dons (entre autres) à l’épicerie solidaire Épisol. Une préoccupation partagée par des associations grenobloises à l’instar de La Tente des Glaneurs qui récupère les produits invendus sur les marchés de l’Estacade et de Saint-Bruno.

D’autres projets ont démarré : des paniers solidaires pour les bébés, la naissance de Mille Feuilles, nouvelle ferme urbaine et bio à proximité de Grand’Place, un projet de cuisine centrale partagé avec la Ville d’Échirolles.