Féru d’Histoire depuis l’enfance, Tal Bruttmann a suivi ses études à Grenoble, consacrant son mémoire de maîtrise à la traque des Juifs en Isère. Je me suis rendu compte qu’il existait beaucoup d’archives non exploitées sur le sujet, d’où l’intérêt d’un dépouillement minutieux et systématique de cette matière.
Ce travail, publié chez Hachette sous le titre La Logique des bourreaux, constitue la première étude sur le fonctionnement de la police allemande en France.
Des kilomètres d’archives
En 2000, Tal Bruttmann est recruté par la Ville de Grenoble pour participer à la Commission d’enquête sur la spoliation des biens juifs en Isère. Objectif : faire la lumière sur le sujet pour répondre à une exigence de vérité et de justice. Il se lance alors dans une analyse pointue, compulsant méthodiquement les archives municipales, départementales et nationales (ministère des finances, Commissariat général aux questions juives, police…) Bref un corpus imposant, qui représente plusieurs kilomètres de cartons, où le défi consistait à croiser des sources extrêmement variées et à examiner des documents parfois très arides !
En lien avec cette mission, il dispense de nombreuses formations aux enseignant-es du territoire et mène aussi des actions de sensibilisation en direction des jeunes puisqu’il accompagne régulièrement des classes de lycéens au camp d’Auschwitz, un lieu compliqué et très mal connu, qui nécessite beaucoup d’explications pour être appréhendé et compris.
Pour cet investissement de longue haleine, il a reçu en janvier 2023 le prix Louis-Blum. Décerné par le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) Grenoble-Dauphiné et la Ville de Grenoble, celui-ci récompense une personnalité pour son engagement contre le racisme et l’antisémitisme.
Une Histoire à transmettre
Convaincu que vulgariser et apporter du savoir fait partie intégrante du métier de chercheur,
Tal Bruttmann poursuit ses activités de transmission en intervenant dans des classes, des universités… Il est membre de différents comités scientifiques (prison de Montluc à Lyon, camp de Struthof en Alsace…) où il oeuvre en faveur d’une meilleure connaissance de ces lieux chargés d’Histoire, continue ses recherches en France et à l’étranger (Allemagne, Amérique latine…) où il donne régulièrement des conférences, tout en étant aussi consultant historique pour des films documentaires ou de fiction comme Adieu Monsieur Haffmann, réalisé par Fred Cavayé en 2021. Quel que soit le projet, ma posture reste la même : adopter une approche scientifique pragmatique et rigoureuse.
Auteur d’une quinzaine d’ouvrages historiques, il vient de publier Un Album d’Auschwitz : une étude consacrée aux photographies faites par les nazis de leurs crimes, qu’il présentera à la librairie Le Square le 2 mars à 19 heures.
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