On entre dans un bel immeuble ancien, sans affichage particulier. Discrétion oblige. Au cinquième étage, c’est ici le premier centre de santé du Planning familial à avoir ouvert en France. Depuis 1961, une équipe de travailleuses sociales et de soignantes engagées reçoit les femmes qui souhaitent de l’aide pour leur contraception, pour une interruption volontaire de grossesse (IVG) ou face à une situation conjugale difficile.
Au départ, quelques médecins s’étaient rassemblés pour aider à la contraception alors qu’elle n’était pas encore en libre accès, puis le Mouvement s’est engagé pour le droit à l’IVG, d’abord illégalement pendant quelques années, puis se positionnant au fur et à mesure sur l’ensemble de la vie affective et sexuelle (contraception, dépistage IST, parcours LGBTQIA+, violences conjugales, etc.).
50 ans après la loi Veil
Cinquante ans après la loi Veil votée en 1975 pour autoriser l’avortement, le Planning de l’Isère, avec sept centres, dont deux à Grenoble, accompagne les IVG réalisées en centre hospitalier. La structure s’efforce aussi de former, d’informer et d’accompagner les femmes, notamment là où il y a peu d’offre de soins. Selon le baromètre Ifop, 9 personnes sur 10 relèvent au moins un frein pour accéder à une IVG en France.
Il s’agit le plus souvent de l’inégale couverture du territoire (hôpitaux surchargés, accès aux transports, déserts médicaux…) et du temps d’attente. Au Planning de Grenoble, des créneaux d’urgence IVG
sont prévus chaque semaine.
Un texte qui a évolué
La loi Veil était un texte assez restrictif. Il est devenu ce qu’il est aujourd’hui, par exemple avec le retrait de la notion de « détresse » pour avorter en 2014, parce que des personnes ont continué à se battre
, explique Léa Mugnier, co-présidente de l’association. Célébrer la loi Veil, c’est important, mais le risque est d’oublier qu’elle est en danger.
Elle fait référence à l’inquiétude face aux baisses de subventions de certaines collectivités territoriales et à l’extension de la prime Ségur (prime à verser aux personnels de la santé et du social). Pour la première fois en 60 ans, l’association se demande si elle pourra continuer.