Denis Coeur au bord de l'Isère.
© Auriane Poillet

Denis Coeur : une histoire au fil de l’eau

Denis Cœur est un historien grenoblois spécialiste de l’aménagement des territoires et des risques naturels. Récemment, il a participé à une étude-diagnostic sur le site du Rabot (cf. Le saviez-vous ? page 44). Et même parmi les pierres, il en revient toujours à son sujet préféré : l’eau.

Patrimoine et Histoire

Par Auriane Poillet, publié le 3 mars 2025

Article

Docteur en histoire, historien-conseil, Denis Cœur n’a eu de cesse tout au long de sa carrière de rapprocher des domaines que tout semblait éloigner : l’ingénierie de l’eau, l’aménagement des territoires et les sciences humaines et sociales.

Je me suis rendu compte très tôt qu’il y avait entre les connaissances produites par ces disciplines des incompatibilités pratiques, se souvient Denis Cœur qui a toujours travaillé à son compte. C’était les années 1990. On m’a contacté pour une étude historique sur les inondations. J’ai rencontré des acteurs et des actrices scientifiques et techniques qui m’ont ouvert leurs réseaux. C’est le socle de base de mon profil qui s’est construit à la rencontre de multiples disciplines.

Culture de l’eau

L’objectif de ce premier travail ? Pouvoir mieux définir les crues extrêmes et historiques. Une hauteur d’eau de 2,50 mètres en 1750. Il faut pouvoir la traduire dans la réalité d’aujourd’hui !. L’historien devenu expert avant d’avoir passé sa thèse (en 2003) a agrégé des compétences en histoire sociale, en politiques publiques et en représentations de l’eau.

À l’époque, la rencontre de ces savoirs n’était enseignée nulle part à l’université. Le monde des ingénieurs est le monde de la mesure, des équations, du projet, poursuit le Grenoblois. Aujourd’hui, les enjeux environnementaux interrogent la place du technique dans notre relation à la nature. L’histoire contribue à en éclairer la genèse et le développement.

Auteur de plusieurs ouvrages traitant des inondations, il a travaillé avec différentes équipes de recherche à l’échelle nationale et européenne, le ministère de l’Environnement, des opérateurs techniques comme la SNCF, EDF et des acteurs de l’aménagement des cours d’eau un peu partout en France. Mais dans le fond, Denis Cœur a toujours été et reste attaché à sa ville natale : Grenoble. Et ça tombe bien.

C’est un peu le berceau de l’hydraulique où les ingénieurs se sont frottés très tôt au Drac et à l’Isère. Il y a une culture de l’eau particulière ici.

Pour le grand public

Aujourd’hui, à côté de ses études et expertises, il s’investit au sein de l’Association Française pour la Prévention des Risques Naturels et Techniques et la Société Hydrotechnique de France (SHF). Il a participé en 2018 à la création d’un séminaire interdisciplinaire au sein de la SHF dédié à la rencontre entre sciences humaines et sociales et sciences de l’ingénieur.

Le prochain a lieu à l’Académie des sciences de Paris le 19 mars sur le thème Faire la paix avec l’eau. Et pour intéresser les jeunes et, plus largement, le grand public, il a également travaillé sur une série de films courts traitant d’une étude sur les inondations et l’aménagement du territoire du parc naturel régional du Queyras. À retrouver en ligne, sur le site Internet du parc, d’ici la fin de l’année.