Qu’est-ce qu’un arbre remarquable ?
Qui dit arbre remarquable dit arbre remarqué ! Si la notion reste assez subjective et fait appel à l’émotion, cinq critères permettent de le caractériser : son tour de taille, autrement dit sa circonférence, son âge, sa rareté botanique, sa position de marqueur dans le paysage, et sa hauteur.
Vous avez publié, en 2022, un livre sur les Arbres remarquables en Isère, qui a valeur d’inventaire. Comment cette idée vous est-elle venue ?
Lorsqu’en 2009, j’ai été muté à Grenoble, j’ai été surpris par les arbres. Je suis forestier, originaire du Sud-Ouest et j’ai longtemps vécu à Montpellier. Or, le forestier a une vision de forêt, de peuplement mais ne prend pas l’arbre en tant qu’individu. C’est en découvrant le chêne de Venon qu’un déclic s’est produit. Visible de partout, ce chêne est un marqueur du paysage. Il a même sa page Facebook ! Je me suis alors interrogé sur l’existence d’autres arbres exceptionnels dans la région, puis intéressé à la question de l’inventaire, sujet sur lequel la Ville de Grenoble était en pleine réflexion avec le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) : inscrire nos arbres au PLUI est la seule façon de les protéger.
Et Grenoble intra-muros possède des arbres de cet acabit ?
En 2022, j’avais dénombré 1 200 arbres remarquables dans l’Isère dont environ 80 individus sur le territoire grenoblois stricto sensu : nous en sommes aujourd’hui à 278, sachant que je ne supprime jamais un arbre enregistré – certains ont peut-être disparu. Cet inventaire est sans fin !
Comment expliquez-vous la présence de ces curiosités grenobloises ?
Grenoble a la chance d’offrir aux arbres des conditions de croissance exceptionnelles : des sols alluvionnaires, une pluviométrie bien répartie, pas d’hivers très froids. Mais on ne fait qu’hériter. Il faut souligner l’effort de nos aîné-es qui ont fait le choix d’oser planter des essences méconnues, qui donne aujourd’hui cette richesse exceptionnelle à Grenoble. L’équipe du service Nature en ville replante 250 à 300 arbres par an. Auxquels s’ajoutent 700 plantations réalisées par nos prestataires, ce qui correspond à un total de 1 000 plantations annuelles. On s’approvisionne auprès de trois grandes pépinières rhônalpines. Pour elles, Grenoble est une merveille !
Comment sensibiliser les jeunes générations à notre patrimoine végétal ?
Le service Nature en ville réalise des « mini-forêts » : ce sont des plantations participatives qui ont lieu une fois par an. Je suis surpris par l’implication des enfants, leur besoin de toucher, de sentir, de mettre en terre. Quand on a, une fois dans sa vie, planté un arbre, ça change tout ! C’est comme avoir des enfants. J’ai planté des arbres : je retourne les voir. En parler ne suffit pas, il faut le contact et le geste…
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